#Losers Revolution : fuck les dauphins !

#Losers Revolution
de Thomas Ancora et Grégory Beghin
Comédie
Avec Thomas Aancora, Clement Manuel, Baptiste Sornin
Sorti le 11 mars 2020

Simon, Mehdi et Fred, trois amis d‟enfance, sont conviés à l’enterrement de Juan, un de leur ancien camarade de classe qui a une dernière volonté : que les garçons prennent leur vengeance à la réunion des anciens en balançant ses cendres sur ceux qui les martyrisaient et créer un mouvement de « révolution des losers » sur les réseaux sociaux. Avec 30 followers, compliqué de créer un buzz. Mais qui de mieux qu‟Henry, petit frère de Simon, star de la télé réalité « The Real Alpha Belga Boys Of Brussels » (qui suit 6 mannequins / Influenceurs dans leur quotidien) et gourou des réseaux sociaux pour les aider à atteindre leur but ? Si ce n‟est qu‟à un détail près : Henry et Simon se détestent.

« Les dauphins sont des violeurs, méfie-toi des apparences ». C’est basique, c’est simple. Un peu comme Losers Revolution. Réalisé par Thomas Ancora (Clem, La Guerre des As, Budapest) et Grégory Béghin (FunCorp et puis surtout cette pub d’immobilier qui tourne en boucle à toutes les pauses publicitaires de la RTBF), Losers Revolution se décrit comme « un buddy movie décalé à la sauce belge ». Tout est dit. La première réalisation de Thomas Ancora, qui a pensé le projet depuis six ans, sent bon les soirées entre potes, les private-jokes post-adolescentes et le rêve de gosse enfin devenu réalité. C’est à la fois la grande force mais également l’évidente lacune de cette réalisation. Dès le départ (et une apparition remarquée de Pablo Andrès), le film se pose comme une œuvre sans concessions vers le monde extérieur. Ancora nous emmène directement dans son univers et dans son délire, quitte à perdre le spectateur d’emblée. Illustration parfaite de cette volonté assumée de faire un long-métrage avant tout pour lui et pour ses potes, la private-joke sur les dauphins (que Thomas Ancora déteste) démontre cet entre-soi à la fois jouissif et risqué.

Alain Courtois savoureux

Heureusement, le film s’appuie aussi sur un casting bien équilibré entre jeunes acteurs qui commencent à se faire une place (Clément Manuel, Thomas Ancora,  Baptiste Sornin,…) et VIP’s de luxe (Kody, Sean Dhondt, Pablo Andres, Alex Vizorek et même Simon Gougnard le hockeyeur belge). Mention spéciale au premier rôle sur grand écran d’un Alain Courtois savoureux dans le rôle du père des deux principaux protagonistes. L’ex-Premier Echevin de la Ville de Bruxelles avait toujours rêvé d’une participation à un long-métrage. Voilà qui est chose faite et avec brio. Tout comme Kody qui crève l’écran pour son premier « premier rôle » au cinéma.

Un film qui ne plaira pas à tout le monde

Bien sûr, le film est parfois brouillon et difficile à suivre. Certaines scènes auraient pu faire l’objet d’un plus grand soin, même si le temps de tournage (quatre semaines à peine) y est sûrement pour beaucoup. Losers Revolution comporte beaucoup de petites erreurs et mauvais choix typiques des premières œuvres. Les thématiques qui y sont abordées (le harcèlement scolaire, la télé-réalité et ses travers, l’égocentrisme inhérent au fonctionnement des réseaux sociaux) le sont de manière parfois confuse et superficielle. Cependant, le film comporte aussi et surtout la fraîcheur et le dynamisme qui font la force de productions indépendantes qui n’ont pas été contaminées par le lustrage habituel de mise dans le monde du cinéma. Tel un touriste italien de retour de Chine, Losers Revolution passe le filtre. Avec une belle contamination à la clé ? Cela reste à voir.

Bref, Losers Revolution a le grand mérite de porter ses c*** là où tant d’autres ont perdu la capacité d’étonner et de s’étonner (coucou les frères Dardenne). Ce « American Dreamz » dopé à la sauce « Dikkenek » et « C’est arrivé près de chez vous » ne plaira pas à tout le monde, c’est certain. Et particulièrement à certains auto-proclamés puristes du cinéma. C’est simple, c’est basique. Et Orelsan avait déjà bien résumé notre position sur les puristes dans « Raelsan ». Lève ton verre. Je porte un toast à la mort de l’industrie.

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine