SPACES : une histoire du design d’intérieur en Belgique

Exposition "Spaces", ADAM Brussels, 28 mai 2019

La nouvelle exposition du musée bruxellois du design, ADAM, retrace l’évolution du design d’intérieur en Belgique de la fin du XIXe siècle à nos jours. L’occasion d’explorer le lien entre l’art de l’ameublement et l’évolution des modes de vie à travers de nombreux exemples bruxellois.

Intitulée SPACES. Interior Design Evolution, la nouvelle exposition temporaire du ADAM-Brussels Design Museum s’intéresse à l’histoire du design d’intérieur à travers une exploration des liens parfois un peu flous entre architecture, design et arts décoratifs. Les premières salles de l’exposition sont d’ailleurs consacrées à l’évolution des métiers liés aux espaces intérieurs et à leur ameublement. Elles mettent en avant l’essor du « décorateur » puis de « l’ensemblier », avant d’aboutir à « l’architecte d’intérieur » que nous connaissons aujourd’hui.

L'intérieur moderne, article illustrated by Leon Sneyers and published in The Home, June 1914. Coll. CIVA, Brussels.
L’intérieur moderne, article illustrated by Leon Sneyers and published in The Home, June 1914. Coll. CIVA, Brussels.

Des liens étroits entre architecture et ameublement

Le cœur de l’exposition se compose de nombreuses pièces de mobilier (notamment beaucoup de chaises et de fauteuils) conçues par des designers belges. Au milieu du XXe siècle, la production industrielle de mobilier remplace peu à peu l’artisanat et permet une forte démocratisation du design. L’ameublement de son « chez soi » devient un passe-temps pour les classes moyennes, ainsi que le moyen d’affirmer son identité voire son statut social.

Les documents d’archives permettent par ailleurs de souligner de manière intéressante les liens étroits entre l’évolution de l’architecture et le design d’intérieur. Ainsi, le développement de l’immeuble à appartements après la seconde guerre mondiale favorise une tendance au fonctionnalisme, avec des espaces réduits servant plusieurs fonctions. Loin du modèle traditionnel des pièces en enfilade, typique des maisons bruxelloises, on décloisonne les espaces. On fusionne par exemple la cuisine, la salle à manger, et le salon, pour créer un lieu de vie, le living, ouvert à différentes activités.

Dans les années 1990, l’apparition du loft pousse encore plus loin cette évolution, avec une tendance au minimalisme et à l’utilisation de grands espaces vides multifonctionnels. Un type d’habitation dans lequel, faute de cloisons, les objets et les meubles servent à structurer l’espace

Photographie d'un loft en 2009, Lohas&Lohas
Loft 2009- Pablo Lhoas © Lhoas & Lhoas

La quête de l’intérieur « idéal »

Le parcours thématique soulève de nombreuses questions intéressantes et interroge par exemple la notion de « modernité ». Les couvertures de magazines de décoration, du début du XXe siècle à nos jours, montrent comment chaque période s’est attachée à développer une vision « idéale » de l’intérieur domestique, qu’il s’agisse de la cuisine, des chambres, ou des pièces de réception. De courts entretiens vidéos intégrés dans le parcours de l’exposition apportent à ce sujet une perspective intéressante. Quatre experts bruxellois en design ayant été témoins des grandes évolutions de ces dernières années partagent leur expérience et leur vision, notamment en ce qui concerne les années 1980.

Meubles et décors, spécial Benelux à l'expo, n°719-720(1958). Fonds faculté d'architecture, Archives et Bibliothéque d'Architecture de l'ULB
Meubles et décors, spécial Benelux à l’expo, n°719-720(1958). Fonds faculté d’architecture, Archives et Bibliothéque d’Architecture de l’ULB

Côté négatif, il faut admettre que la logique du parcours ne saute pas aux yeux et qu’il est parfois difficile de faire le lien entre les pièces exposées et le thème de la salle. L’absence de progression chronologique linéaire peut paraître un peu déstabilisante aux novices. On regrette aussi que le musée n’offre pas davantage de supports pédagogiques et interactifs pour accompagner la découverte des objets. On aimerait en effet parfois en savoir plus sur tel ou tel meuble, objet, ou document d’archive, au-delà des descriptions fournies en légende, souvent très laconiques. Enfin, si la dernière salle évoque l’ »instagramatisation » de l’intérieur, c’est-à-dire la popularité des photos de design sur les réseaux sociaux, on aurait aimé une réflexion plus poussée sur l’évolution future du design d’intérieur, notamment avec l’émergence de nouveaux types d’habitats comme les logements intergénérationnels, ou encore la remise en cause d’un mobilier éphémère avec la recherche de plus de durabilité dans les matériaux utilisés. Peut-être le sujet d’une prochaine exposition ?

Infos pratiques

  • Où ? ADAM – Brussels Design Museum, Place de Belgique, 1020 Bruxelles.
  • Quand ? Tous les jours de 11h à 19h, du 29 mai au 3 novembre 2019.
  • Combien ? 8 EUR au tarif plein (10 EUR pour un ticket combiné avec l’exposition permanente). Plusieurs tarifs réduits
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