Robin des Bois, l’art de voler le spectateur

Robin des Bois
d’Otto Bathurst
Aventure, Action
Avec Taron Egerton, Jamie Foxx, Jamie Dornan
Sorti le 28 novembre 2018

Le légendaire Robin des Bois revient une énième fois au cinéma pour tenter de reconquérir les spectateurs. La flèche a loupé sa cible. Et de loin.

À la vue de la bande-annonce, le ton est donné : ce Robin des Bois promet un moment divertissant avec des scènes d’action dantesques en compagnie d’un casting de qualité. Le tout, sous la direction d’Otto Bathurst, primé d’un BAFTA pour son travail dans la série de renom Peaky Blinders.

Taron Egerton, poulain des films d’action héroïques révélé par Kingsman, The Secret Service endosse le rôle éponyme du brigand au grand cœur tandis que Jamie Foxx dont on ne doit plus présenter les qualités d’acteur « badass » incarne John, sidekick principal de Robin des Bois. Spoiler alert : nous ne passerons pas un moment agréable (ceci est un euphémisme).

Pour s’éloigner de la légende de Sherwood, vue et revue au cinéma, les scénaristes ont modifié plusieurs aspects du récit originel. Robin des Bois, d’abord Robin de Locksley fait désormais partie de la sphère des riches nobles anglais et mène une vie paisible aux côtés de sa dulcinée Marianne (Eve Hewson) jusqu’au jour où le shérif de Nottingham (Ben Mendelsohn) l’envoie en croisade contre les Arabes. Il perdra donc tout, l’amour de sa vie et sa fortune. Changements intéressants, mais seuls points positifs du long-métrage. Pendant cette guerre interminable, il doit éliminer John, un chef maure (Jamie Foxx) qui, plus tard, le persuadera de renverser ensemble le régime corrompu anglais responsable de la mort de son fils.

Dès les premières minutes, la voix-off veut nous faire comprendre que l’histoire sera TRÈS différente du Robin des Bois que nous connaissons, qu’elle n’est PAS une histoire d’enfants. Mise en situation banale et facile, le spectateur s’attendant dès lors à un Robin des Bois « gris », à savoir un personnage ambigu et psychologiquement intéressant. Il n’en sera rien. Robin des bois est profondément bon, génial, trop fort, trop cool (insérer tous les adjectifs positifs)… Tout est mis en place pour le valoriser, que ce soit ses costumes, ses décisions ou les scènes d’action frénétiques. Et rien ne sonne juste, avec des personnages qui se font confiance rapidement et aveuglément. La palme du manque de perspicacité revient au shérif de Nottingham, nemesis de notre héros dépourvu de tout charisme, avide d’argent et pas crédible pour un sou. On se surprend même à rire lors de ses tirades supposées menaçantes … Heureusement pour lui, il n’est pas seul dans la quête du protagoniste le plus inutile. Will, le nouveau compagnon de Marianne incarné par Jamie Dornan (connu pour l’exécrable Fifty Shades of Grey) ne sert littéralement à rien et nous laisse aussi indifférent que son interprétation fade de Christian Grey. Jamie Foxx en acolyte numéro un n’arrivera pas non plus à sauver son personnage qui ne sera jamais creusé ni développé.

Tout le budget (massif pour l’occasion) est sans nul doute parti dans le cachet des acteurs et dans les scènes d’action où tout prend feu, tout explose, tout le temps, partout, inlassablement avec en prime l’effet slow-motion utilisé à l’abus et une musique envahissante. Bref, une énorme déception proposée par les studios Lionsgate qui auraient dû mieux miser leur argent ailleurs et laisser ce pauvre Robin tranquille…

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Journaliste du Suricate Magazine