Robbie, apprendre à mourir

Scénario : Olivier Bruneau et Émilie Gleason
Dessin : Olivier Bruneau et Émilie Gleason
Éditeur : Virages Graphiques
Sortie : 18 août 2023
Genre : Roman graphique

Robbie, c’est l’histoire d’une renaissance. Robbie est mort, sauf qu’il est aussi vivant. Le voilà qu’il sort de sa tombe, ahuri, la mémoire en compote. Il ne se souvient plus. Pas très humain, pas trop zombie, Robbie erre dans le cimetière quand il tombe sur Carrie, dessinatrice
en herbe qui s’inspire fort de ce lieu de recueillement pour nourrir son art. Ensemble, ils vont partir à la recherche du sens de la mort.

Sur le chemin, les deux jeunes vont rencontrer une série de personnages, tous plus barrés les uns que les autres : une vieille dame et son bulldog, à la recherche d’un peu d’excitation en lisant des histoires érotiques devant la pierre tombale de son mari, un clown plutôt effrayant parlant avec un défaut de prononciation, André, parent de Carrie, qui la dérange en essayant de faire le ménage et de comprendre ce qui se trame dans la tête de la jeune fille, etc. Très tôt, Robbie tombe aussi sur la Mort en personne, qui se trouve être elle-même une galerie de mille caractères fous, nous obligeant à revoir notre imaginaire mortel.

Une grande inventivité graphique

Ce brouhaha et cette inventivité graphique, dans la manière de dessiner les proportions également, parcourent les cases du roman graphique, lieu de toutes les fantaisies. Des détails placés dans chaque recoin de la page nous demandent de nous attarder, de revenir à la page d’avant, pour découvrir cet univers sombre et joyeux à la fois, rempli de références cinématographiques de l’horreur ou du pseudo-horreur (Tim Burton, Scary Movie), et qui ne s’en cache pas. Dans cette ville et ce cimetière, la mort rôde partout, les enfants meurent, mais la vie rayonne tout de même.

Cette imagination horrifique au pouvoir avant tout empêche peut-être l’émotion et la psychologie de se développer, même si on est surpris de voir notre cœur se serrer à la fin de l’histoire. Robbie, qui manque parfois de lisibilité formelle, fonctionne sur le burlesque,
l’absurdité des situations, le gag dessiné, plus que sur la construction d’un récit à rebondissements ou des dialogues ciselés. Olivier Bruneau et Émilie Gleason ne révolutionnent pas les codes de l’horreur en plaçant leur histoire durant Halloween et la Toussaint, mais aboutissent à un roman graphique pour grands ados, trempé dans l’encre noir, parcouru d’un ton léger et de frissons humoristiques.