Sur les plateaux des Dardenne aux éditions Actes Sud

auteur : Christine Plenus
éditions : Actes Sud
date de sortie : 1er octobre 2014
genre : Photographie, cinéma

Photographe de plateau ayant travaillé sur tous les films des Dardenne, Christine Plenus revient sur presque 30 ans de cinéma à travers des photographies prises sur les plateaux de tournage des deux frères de Seraing.

Alors que cet été, le centre Wallonie-Bruxelles de Paris accueillait environ 150 photographies lors d’une exposition consacrée au travail de Plenus sur les plateaux des Dardenne, Actes Sud propose à ceux qui n’ont pas eu la chance de les y admirer, un échantillon des clichés de la photographe. S’il est indéniable que les photos touchent au coeur même de leur oeuvre, il est impressionnant de voir qu’en plus de voler des moments de tournage, Christine Plenus a su respecter l’éthique de leur cinéma tout autant que leur esthétique. A travers ces instantanés, on ressent pleinement la force de l’émotion transmise dans les films : le regard déterminé de Rosetta, fuyant quand elle se tient dans les bras de Riquet y est tout aussi puissant.

Mais ce n’est plus Rosetta, c’est Emilie Dequenne. La photo, cadre supplémentaire, ne montre plus des personnages, mais bien des acteurs. Et pourtant, l’émotion est la même tant le cadre photographique a su parfois se fondre sur l’image cinéma. Produit hybride, à la fois cliché et séquence, documentaire et fiction – un peu comme le cinéma des Dardenne, tiens – la photographie de plateau selon Plenus est délicate, respectueuse et vraie. Elle permet de lever un peu le voile du mystère Dardenne.

Car en plus d’être des grands narrateurs, les Dardenne sont de grands techniciens, des « magiciens » de l’image et c’est bien à cela que Christine Plenus rend hommage. Elle en est sûrement la première témoin et se fait relai de l’éthique qui leur est propre. Comme eux, elle s’attarde sur les mains d’Olivier Gourmet et Morgan Marinne, des mains qui travaillent le bois, des mains qui peuvent aussi étrangler les nuques omniprésentes des personnages dans Le Fils. Comme eux, elle capte le moment précis où Emilie Dequenne se tend tout entière dans le combat pour la survie de Rosetta, le moment si fort où Arta Dobroshi donne vie au corps dépossédé de Lorna ou l’instant où Deborah François et Jérémie Renier touchent du bout de leur front un face à face –  jusque-là impossible –  si vital à tous les films des Dardenne.

A travers les pages de son livre d’images, Plenus nous offre un magnifique témoignage de l’art des deux frères. Plus qu’un « behind the scenes », Sur les plateaux des Dardenne est un hommage à ceux qui ont écrit certaines des pages les plus passionnantes du cinéma belge. Et pourtant, beaucoup  ont bien trop vite et souvent collé à leur cinéma le qualificatif péjoratif de « social » en oubliant qu’ils étaient des maîtres. Gardienne de leur travail, Christine Plenus rend aux Dardenne ce qui est aux Dardenne.

A propos Mathieu Pereira 121 Articles
Journaliste

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