Prince: Art Official Age

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Qu’est-ce que cela donne, Prince en 2014? Étonnamment, un anachronisme assumé et jouissif. En tout cas pour ce qui est de ce Art Official Age. Prince, stakhanoviste invétéré, sors non pas un, mais deux albums, dont un avec son nouveau groupe 3eyedgirl. Et contrairement à ce que l’on pouvait supposer, à partir des précédents albums de la star – très dispensables- ce n’est pas la collaboration qui donne le meilleur résultat. Pourtant Art Official Age continue de creuser le même sillon funk-soul-pop-ballade. Et le résultat est d’autant plus surprenant qu’à trop composer (jouer, produire…) seul, ses albums devenaient de plus en plus fades : ce n’est un secret pour personne que les années 2000 ont vu Prince non pas plonger dans la médiocrité, mais largement se reposer sur ses lauriers (c’est surtout flagrant depuis 2006) Si ses capacités de performer n’ont jamais été mises en cause, il n’en était pas de même pour sa production studio, où ses albums manquaient de consistance, d’à-propos, et surtout d’implication.

Avec Art Official Art, Prince se retrousse les manches et nous livre un album cohérent. Et s’il ne révolutionne pas sa grammaire, Prince prouve qu’il reste un songwriter de très haut vol. Groovy, chaleureuse, électro funk soul, laissant respirer les chansons, la production est la première bonne surprise de ce nouvel opus. Quant aux mélodies, aériennes, complexes, elles sont mises en avant. Prince 56 ans, reste un chanteur détonnant, à la technique impeccable, plaçant ses vibratos comme personne et atteignant encore sa voix de fausset comme à ses débuts, il y a près de 40 ans.

Dès le premier morceau – la chanson titre de l’album- on se dit que quelque chose a changé. Mini-symphonie dancefloor à la tonalité euro-dance avec intervention rap en provenance directe des années 90, riffs hendrixiens, voix pitchées, final orientalisant… En 3.41, Prince ne se refuse rien et retrouve une folie dans la composition qu’on avait plus entendue depuis au moins le surprenant Rainbow Children (2001). La suite n’est pas aussi psychédélique, et c’est tant mieux : l’album est digeste, et il faut être gré qu’un instrumentiste comme Prince ne tombe pas dans le démonstratif. Clouds, U Know, Breakfast can wait, sont autant de perles pop modernes (malgré la touche vintage que donne les vieux ( ?) synthétiseurs et autres boites à rythmes) qu’on ne rêvait plus d’entendre de sa part. Breakdown, et Way back home peuvent même prétendre devenir des classiques, si le public est prêt à laisser tomber ses à priori sur un artiste qui, il est vrai, ne donne pas toujours du sien pour se faire aimer.

Espérons qu’avec cet album réussi il soit à nouveau jugé artistiquement sur sa production contemporaine, et non pas sans cesse ramené à sa production des 80’s, il est vrai, fabuleuse. Tremble, Pharell !

A propos Julien Chanet 20 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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