« Miss », ode à l’acceptation de soi et des autres

Miss
de Ruben Alves
Comédie
Avec Alexandre Wetter, Pascale Arbillot, Isabelle Nanty
Sorti le 9 juin 2021

Plusieurs fois repoussé en raison de l’épidémie de Covid-19, voici que sort aujourd’hui Miss, à mi-chemin entre Ma vie en rose (Alain Berliner, 1997) et Little Miss Sunshine (Valerie Faris et Jonathan Dayton, 2006).

Véritable ode à l’acceptation de soi, Miss met en scène Alex, petit garçon de neuf ans qui rêve d’être élu Miss France. Quinze années plus tard, devenu orphelin et livré à lui-même, il décide de réaliser ce rêve…

Bénéficiant d’une très belle photographie, cette nouvelle réalisation de Ruben Alves constitue une excellente surprise qui parvient habilement à traiter son sujet sans jamais verser dans la facilité ou le politiquement correct gratuit. Alex évolue ainsi entre la diversité de sa communauté d’accueil et la dureté de la salle de boxe où il travaille : cette opposition entre deux univers permettra à celui-ci de se construire en tant que femme, aidé d’une part par Lola (Thibault de Montalembert), travesti au Bois de Boulogne, et d’autre part par Elias (Quentin Faure), boxeur professionnel.

Ce point constitue l’une des grandes originalités du film, car c’est à travers l’autre – et quel autre ! – qu’Alex apprendra à magnifier sa féminité, Elias lui apprenant la discipline, tandis que Lola saura lui enseigner comment plaire aux hommes.

Dans un second temps, on appréciera également les polarisations d’opinions au sein de l’intrigue, car Yolande (Isabelle Nanty) qualifiera les participantes au concours Miss France de « pétasses professionnelles » tout en soutenant paradoxalement Alex dans sa lutte. D’autres en feront de même sans toujours comprendre les motivations de ce dernier. Mais, quelles que soient leurs opinions, toutes ces personnes concourront dans un seul but : aider Alex à « être quelqu’un ».

Ce dernier élément souligne l’une des thématiques centrales de Miss : l’importance d’exister dans notre société, de quelque façon que ce soit. À plus forte raison pour Alex qui aura toute sa vie été pointé du doigt pour sa différence. Ce faisant, le film parvient à trouver un juste milieu dans son propos, sans jamais devenir caricatural ou virer dans le mélodrame bien-pensant.

Dans cette logique, on appréciera encore la capacité du long-métrage à montrer le versant ridicule du concours Miss France sans pour autant virer dans la caricature ou la condescendance. Les points caricaturaux sont ainsi exploités comme tremplin pour permettre à Alex de réussir en étant lui-même, sans être la perfection incarnée que le concours semble parfois attendre.

Ainsi, Miss possède une réelle subtilité et réussit à ne jamais verser dans la parodie ou la caricature : si, autrefois, Alex était jugé par les autres, c’est désormais par le regard des autres qu’il choisit d’exister, en faisant une force de ses faiblesses. Cet angle d’approche permet ainsi de démarquer le film d’autres productions du même genre.

On appréciera encore le manque de prévisibilité du long-métrage et quelques clins d’œil amusants, notamment la présence d’Amanda Lear au casting, célèbre pour les rumeurs concernant sa transidentité.

Si le dernier tiers du film est un peu plus convenu et prévisible, reste une production sous-tendue par des thématiques intéressantes, qui parvient le plus souvent à ne pas tomber dans la bien-pensance caricaturale, tout en offrant quelques retournements assez peu attendus.