Love and Friendship, la fin justifie les moyens

love and friendship poster

Love and Friendship

de Whit Stillman

Comédie

Avec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Xavier Samuel, Stephen Fry, Emma Greenwell

Sorti le 22 juin 2016

Après un long espace entre son dernier film et le précédent – treize ans entre The Last Days of Disco en 1998 et Damsels in Distress en 2011 – l’américain Whit Stillman surprend en revenant avec une adaptation d’un roman de Jane Austen. Si on ne l’attendait pas vraiment dans ce registre, le choix du roman adapté ne fait qu’attiser l’intérêt, vu qu’il ne s’agit pas d’un des « hits » sempiternels de l’auteur britannique – Orgueil et préjugés, Raison et sentiments, ou encore Emma, tous adaptés plus que de raison – mais d’une œuvre méconnue : Lady Susan.

Love and Friendship reprend donc l’intrigue du livre : dans l’Angleterre de la fin du XVIIIème siècle, une jeune veuve du nom de Lady Susan Verdon met tout en œuvre pour arriver à ses fins, à savoir courtiser en alternance deux partis alléchants, Reginald DeCourcy et Sir James Martin, pour les marier, l’un à sa fille, l’autre à elle-même. Manipulant allègrement son monde avec un véritable art du mensonge et avec l’aide précieuse de sa complice Alicia Johnson, une américaine exilée, Lady Susan parviendra inexorablement à ses fins, mais par des chemins sans cesse détournés.

Se concentrant sur les relations entre les personnages et contournant tout un aspect de fastes visuels souvent présent dans les adaptations cinématographiques de Jane Austen – aussi absent ici pour des raisons économiques –, le film étonne d’emblée par son ton délibérément humoristique, badin et décalé, assez éloigné de l’esprit souvent premier degré des autres adaptations mais pourtant bien présent dans les romans. La présentation des différents protagonistes se fait même de manière presque parodique, appuyant sur le côté grotesque et hypocrite de ces personnages stéréotypés de nobles idiots ou désargentés.

Les manipulations de Lady Susan s’enchaînent de manière virevoltante et la comédie de caractères prend son envol dans le malin plaisir que prend le cinéaste à mêler boulevard léger et satire gentiment corrosive. Kate Beckinsale et Chloë Sevigny sont toutes deux savoureuses en pestes « vintage » et le reste du casting endosse parfaitement les fonctions de pions et de souffre-douleurs, de manière alternative.

Love and Friendship pourrait être considéré comme une petite comédie plaisante mais anecdotique. Cependant, la singularité de son approche et la rencontre entre deux univers a priori opposés – le roman sentimental du XIXème et la comédie de mœurs américaine – le hissent à un niveau supérieur, tout comme son final ambigu qui rebat les cartes quant à qui manipule qui.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.