La Tortue rouge, conte onirique et visuel

la tortue rouge poster

La Tortue rouge
de Michael Dudok de Wit
Animation
Sorti le 29 juin 2016

Présenté dans la compétition Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes, le premier long métrage de l’animateur hollandais Michael Dudok de Wit – réalisé en collaboration avec le studio Ghibli – est un film d’animation sans aucun dialogue, utilisant les techniques traditionnelles.

Naufragé sur une île déserte, un homme tente à tout prix de s’enfuir de sa prison en plein air en construisant un radeau. Mais lorsqu’il met son radeau à l’eau – et à chaque nouvelle tentative – celui-ci est détruit par une grande tortue rouge qui semble ne pas vouloir le laisser partir. Quand il se retrouve face à face avec cette tortue et qu’il a l’occasion de s’en débarrasser, il découvre que celle-ci n’est pas ce qu’elle paraît être et qu’il a peut-être de bonnes raisons de rester sur l’île.

Très vite – dès la première apparition de la tortue –, le film dévoile sa dimension fantastique et onirique. L’enjeu de départ – un naufragé tentant de survivre et de s’échapper – se mue très vite en un autre, plus en rapport avec la relation de l’homme à la nature et le cycle de vie qu’une simple histoire de survie. Visuellement, Michael Dudok de Wit joue avec les contrastes de couleurs entre les grandes étendues ocre, pastel, vertes, etc. et les détails – rouges, notamment. Il propose également une vision de la nuit en noir et blanc – également liée au rêve – qui tranche de manière étonnante dans la continuité visuelle et réserve quelques-unes des plus belles scènes du film.

L’influence de Ghibli – studio japonais créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata – se fait beaucoup plus ressentir dans la seconde partie du film et encore plus particulièrement dans sa conclusion, convoquant une grande part de sentimentalisme liée à des thèmes tels que l’amour éternel et la filiation. Le film perd un peu de sa singularité poétique dans ce tournant plus classique, tandis que la musique entêtante de Joe Hisaishi – auteur, entre autres, de presque toutes les bandes originales des films de Miyazaki – finit de l’apparenter à une tradition de films d’animation japonais, dont il était pourtant, à la base, assez éloigné. La Tortue rouge reste néanmoins un très beau film d’animation, à la puissance visuelle et émotionnelle sans pareil.