« Les Enfants Oppermann », un grand roman toujours d’actualité

Titre : Les Enfants Oppermann
Auteur : Lion Feuchtwanger
Editions : Métailié
Date de parution : 17 février 2023
Genre : Historique

Auteur avec Bertolt Brecht du journal Das Wort, la plus importante publication antifasciste des écrivains émigrés allemands, Lion Feuchtwanger est un écrivain allemand de premier plan auteur de nombreux romans historiques. Contemporain des faits qu’il évoque, l’auteur décrit avec une grande précision dans Les Enfants Oppermann, la montée et les dangers du fascisme dans les années 1930, tout comme l’avait admirablement fait Anna Seghers avec La Septième Croix, également paru en français aux éditions Métailié.

Dans ce roman, on suit durant quelques mois la vie des trois frères Oppermann et de leur entourage, membres établis de la bourgeoisie berlinoise, qui vont être confronté à la montée en puissance et la prise du pouvoir du parti nazi et vont, incrédules et naïfs au départ, en subir les conséquences fatales.

Climat de violence

Inconsciemment ou non, l’être humain analyse très souvent les faits à travers un filtre fait de nombreux préjugés et idées reçues et la période des années 1930 n’y échappe malheureusement pas. Vu de l’extérieur, on pense souvent que le chemin qui mène à la Seconde Guerre mondiale était tout tracé dès 1919, mais grâce notamment aux récits d’Anna Seghers ou de Lion Feuchtwanger, on comprend quel niveau de violence il a fallu exercer pour en arriver à ce résultat et avec quelle incompréhension, quelle naïveté et quelle peur le nazisme a été accueilli.

Ce récit glaçant résonne bien entendu dans notre esprit lorsque l’on pense aux événements récents, à la montée de l’intolérance et des nationalismes et pose évidemment la question de l’identité. Quels sont les éléments qui nous font appartenir à une communauté ? Le critère religieux ou culturel, l’acceptation des normes, us et coutumes ou la couleur de peau ?

Le lecteur aurait tort de ne voir dans Les Enfants Oppermann qu’un ouvrage historique. Car si un travail de mémoire a été réalisé en Allemagne principalement par rapport à la période du nazisme, les racines du mal, elles, n’ont pas disparu et c’est avec une grande justesse et une grande pertinence que Lion Feuchtwanger nous montre comment elles se développent.