Le Pont à la Vénerie

De Laurent Van Wetter, mise en scène de Martine Willequet, avec Jean-François Breuer et Thomas Demarez

Du 4 au 6 décembre à 20h30 à l’Espace Delvaux

C’est un soir de pleine lune et, sur le pont, deux hommes habités par la même intention de suicide se rencontrent : le premier ne souffre plus assez pour satisfaire sa femme et veut mettre fin à ses jours par dépit amoureux ; l’autre pratique le rituel depuis quinze ans et connaît bien le sujet. C’est sur base de ce scénario absurde que l’auteur de la pièce Le pont – Laurent de Wetter – développe un dialogue à deux voix teinté de révélations farfelues. Le fameux principe du détournement des référents habituels et la dérision attribuée ici au texte habillent avec habileté cette histoire en quatre actes. La couleur générale de ce spectacle est divertissante bien que lisse et sans prise de risque et les deux comédiens offrent un contraste assez intéressant pour le spectateur. Malgré cela, quelques incongruités se glissent ça et là dans le texte et certains passages se détournent trop du fil pour appartenir au contexte ubuesque. Cela fait légèrement perdre le fil, froncer les sourcils ; comme une impression fugace que l’auteur a bâclé, par endroits, l’écriture.

Du côté de la mise en scène – signée Martine Willequet – le choix est à la simplicité pure : un pont de bois au-dessous duquel il faut imaginer l’eau, le fleuve, les bateaux-mouches ; une lumière neutre et peu variante sensée incarner celle de la pleine lune et rien de plus. La sobriété des aménagements, sur scène, ne vient pas desservir l’intérêt que l’on porte au récit car celui-ci coule sans réel accroc et sans ennui. Entre chaque acte, de petits interludes récités à deux voix et en aparté viennent ponctuer l’histoire de souvenirs parallèles : le texte que l’on découvre dans ces moments d’intimité partagée est beau, touchant mais peut-être mériterait-il d’appartenir à une pièce à part entière car le ton qu’il reprend vient drastiquement casser le rythme et peut-être embrouiller l’esprit du spectateur. Malgré de petits défauts non conséquents, Le pont permet une traversée en pays théâtral qui donne goût à la vie, un petit clin d’œil à l’espoir qui – fort heureusement – découle de la torpeur collective.

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