Le mystère du gant : un incroyable vaudeville à table au Théâtre National

© Noémie della Faille

Texte de Roger Dupré et Léonard Berthet-Rivière. Mise en scène de Léonard Berthet-Rivière. Scénographie de Jérôme Souillot. Avec Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière.

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Pour le début de sa saison 2022-2023, le Théâtre National a misé sur Le mystère du gant dans sa salle Huisman. Quatre actes et treize personnages pour nous raconter « la vendetta de Gérard Berni-Mollin contre son concurrent Raymond Duchaussoy le jour où ce dernier est venu enlever sa maîtresse, Inès Berni-Mollin, la femme de Gérard, alors que Frédéric, le fils de Raymond, est venu demander la main de Sophie, la fille de Gérard, qui est enceinte jusqu’aux yeux ». Vous suivez ?

Ajoutez à cela que les treize protagonistes sont interprétés par deux comédiens seulement. Deux comédiens attablés qui ne quittent que rarement leur chaise. À l’entrée des spectateurs dans la salle, on se doute qu’une question les taraude : dans quoi nous sommes-nous embarqués ? La réponse est simple : dans une fantastique aventure.

Durant un peu plus d’une heure, nos deux comédiens arpentent un vaudeville aux ressorts aussi traditionnels qu’absurdes, sautent de didascalie en didascalie, enchaînent les personnages – collant et décollant au passage leurs innombrables moustaches –, sursautent à chaque claquement de porte et s’embourbent dans le moindre quiproquo. De l’amant dans le placard aux imbroglios en série, rien ne manque à ce pastiche écrit en hommage au vaudeville. Les comédiens partagent une même connivence entre eux qu’avec le public. Leur amusement est indéniable… et contagieux. La salle rit à gorge déployée devant ce vaudeville à table qui n’a résolument pas à rougir face à ses versions conventionnelles.

Si le public se perd parfois dans les méandres de cette intrigue farfelue – et c’est bien l’objectif –, Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière gardent, eux, toujours le cap et naviguent entre les treize personnages avec une aisance déconcertante. Leur partition est réglée comme du papier à musique et régale les spectateurs, soufflés par à une telle performance. Bruitages, fausses gifles, rythme, précision… Depuis leurs chaises, c’est une véritable leçon de théâtre que nous livrent les deux comédiens. La frénésie de leur prestation va crescendo et finira par culminer dans un final aussi délirant qu’inattendu.

Le défi auquel Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière faisaient face ce soir était de taille : lire un vaudeville à deux sans jamais lasser, dans une scénographie dont la simplicité contraste grandement avec la complexité du genre. Force est de constater que ce défi est relevé haut la main.