Le cri du moloch: dernière transmission de l’onde Septimus

Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Christian Cailleaux & Etienne Schréder
Éditions : Dargaud
Sortie : 20 novembre 2020
Genre : Fantastique

Depuis L’affaire Francis Blake, plusieurs auteurs se sont plongés dans l’univers créé par Edgar P. Jacobs pour proposer au public de nouvelles aventures de Blake et Mortimer, et ce avec plus ou moins de succès. Malheureusement, Le cri du moloch, la deuxième partie du diptyque entamé par Jean Dufaux avec l’Onde Septimus, ne rentrera sans doute pas dans la catégorie des bons albums de la reprise.

Dans le précédent opus, L’Onde Septimus, la menace d’un engin extraterrestre, baptisé Orpheus, avait été déjouée grâce au sacrifice d’Olrik. Depuis, le colonel vit reclus dans un asile psychiatrique. Tandis que Philip Mortimer tente de ramener à la raison son vieil adversaire, il apprend qu’il existe un autre Orpheus. À bord d’un cargo transformé en laboratoire secret, le professeur découvre l’étrange pilote de cette machine : un alien à forme humaine, sombre et hiératique, auquel les scientifiques ont donné le nom de « Moloch », la divinité biblique. Mais les réactions de ce Moloch, et les hiéroglyphes qu’il laisse derrière lui comme autant de messages indéchiffrables, font craindre le pire. Cette fois encore, la capitale britannique est en danger.

La conclusion d’un cycle

Dans cet album, Jean Dufaux achève le récit entamé dans le premier tome de son diptyque. C’est à la fois logique mais également dommage, tant l’apparition d’un engin extraterrestre semble en contradiction avec l’univers originel de la série, Blake et Mortimer s’attaquant toujours à des ennemis poussant les découvertes et théories scientifiques de l’époque à leur paroxysme. Dès lors nul besoin d’un Deus ex machina venu de l’espace pour semer le trouble dans un univers riche en intrigues et machinations possibles. D’autre part, l’auteur semble avoir mis un point d’honneur à parsemer son récit de nombreuses allusions aux précédents albums, en plus d’introduire dans celui-ci des apparitions de la reine d’Angleterre, ce qui n’apporte pas grand chose à l’histoire, déjà handicapée par un rythme trop lent qui n’arrive pas à tenir le lecteur en haleine.

Sur le plan graphique, tout en reconnaissant que reprendre le dessin de Blake et Mortimer n’est pas chose aisée, et que Christian Cailleaux s’en sort avec les honneurs, Le cri du moloch fera certainement l’objet de débats auprès de la communauté des fans. Certains apprécieront le style graphique moins surchargé tandis que d’autres se plaindront de la représentation de certains personnages secondaires. Sans entrer dans la polémique, on peut dire que Le cri du moloch ressemble à un album de Blake et Mortimer, même si les choix opérés par les auteurs pourraient en mécontenter certains.

Au final, Le cri du moloch n’est sans doute pas un album indispensable de la série, l’essentiel de l’histoire ayant déjà été racontée dans l’Onde Septimus. Il ravira ceux qui ont apprécié la première partie du diptyque tandis que les autres attendront avec impatience qu’un autre duo reprenne le flambeau.