« Le Club Aegolius », de la thèse au roman gothique

Titre : Le Club Aegolius
Autrice : Lauren Owen
Editions : Actes Sud
Date de parution : 9 juin 2021
Genre : Fantastique

Lauren Owen fait son entrée dans le monde du littéraire gothique avec son premier roman Le Club Aegolius prenant place en Grande-Bretagne, à l’époque victorienne. Elle a étudié ces deux thématiques lors de son cursus à Oxford et a pu les approfondir grâce à sa thèse sur les vampires dans la littérature.

Le Club Aegolius est un club privé, uniquement fréquenté par les hommes les plus riches de Londres. Mais dans l’ombre de ce lieu secret se déroulent des événements étranges auxquels James Norbury se retrouve lié bien malgré lui. Il a quitté son Yorkshire natal pour rejoindre la grande ville de Londres et y faire ses études, laissant ainsi derrière lui sa sœur aînée Charlotte, qui s’est retrouvée maîtresse du domaine familial à la mort de leur père.

Le roman se divise en plusieurs parties. Dans la première, on suit Charlotte et James, enfants livrés à eux-mêmes dans un grand domaine, sans mère et dont le père est constamment absent, jusqu’au départ de James pour Londres. On nous décrit alors sa vie d’étudiant plutôt discret et sa rencontre avec un jeune dandy dont il partagera le logis, au grand désarroi de la famille de ce dernier. La deuxième partie est écrite sous forme de journal de bord contenant les recherches d’un scientifique. C’est dans celle-ci que le mot “vampire” – car c’est ce dont il s’agit ici – apparaît pour la première fois, après plus de cent-cinquante pages, soit déjà un quart du roman. Dans les troisième et quatrième parties, les personnages se mélangent et on découvre qu’il est arrivé quelque chose à James. Charlotte, n’ayant plus de nouvelles de son frère, va se rendre à Londres pour le retrouver. C’est ainsi qu’on rencontre plusieurs autres protagonistes, dont on apprend le passé petit à petit à l’aide de flashbacks. L’intrigue devient plus mouvementée, mais il aura fallu attendre plus de la moitié du récit pour en arriver là. La cinquième et dernière partie nous résume les situations de chacun après l’événement clé qui clôture le chapitre précédent.

Le Club Aegolius rassemble une grande partie des composantes d’un roman fantastique et vampirique : un duo de chasseurs de striges, un club de vampires d’élite, des jeunes gens naïfs et campagnards confrontés à la dureté de la ville, mais aussi de la vie, des enfants démons, un scientifique fou et une romance. Cependant, tous ces éléments sont travaillés par l’auteure pour aboutir à un twist étrange et décalé, comme si chaque paramètre n’était pas à sa place, nous sortant ainsi de notre confort habituel en matière de romans gothiques.

Au niveau des références, on peut constater beaucoup de liens avec d’autres auteurs. Comme Oscar Wilde dont le domicile familial est si proche de l’événement déclencheur du livre et qui est présent pendant la représentation de L’éventail de Lady Windermere à laquelle James assiste. Ou encore Charlotte Brönte et son héroïne Jane Eyre qu’on perçoit dans le personnage de Charlotte (le prénom de celle-ci serait-il d‘ailleurs un clin d’œil à l’auteure ?). On ressent également Charles Dickens et Le Mystère d’Edwin Drood dans le texte gothique très riche. Pour conclure, cet ouvrage pourrait s’apparenter à un mélange de Kim Newman et de Bram Stoker.

Si vous aimez l’époque victorienne, les récits de vampire et les longs romans, lancez-vous dans ce premier livre de Lauren Owen, dont on ressort satisfait grâce à sa sympathique originalité.