La Rançon de la Gloire de Xavier Beauvois

la rancon de la gloire affiche 

La Rançon de la Gloire

de Xavier Beauvois

Comédie dramatique

Avec Benoît Poelvoorde, Roschdy Zem, Séli Gmach, Chiara Mastroianni, Nadine Labaki

Sorti le 7 janvier 2015

La Rançon de la Gloire nous conte l’histoire, aussi absurde que réelle, de deux charlots des temps modernes qui décident un beau jour de s’emparer du cercueil du regretté Charlie Chaplin. Ces chapardeurs mortuaires, ce sont Eddy (Benoît Poelvoorde) et Osman (Roschdy Zem), deux immigrés (l’un belge, l’autre algérien) qui tentent tant bien que mal de survivre dans la petite ville suisse de Vevey, non loin du lac Léman. Tout juste sorti de prison, Eddy est accueilli chez Osman qui se résout à l’héberger le temps que son ami retrouve un emploi et une situation stable. Pauvre parmi les pauvres, les deux comparses cherchent à joindre les deux bouts en faisant face à des conditions de vie déplorables. Mais à quelques jours de noël, lorsqu’on annonce à la télévision que Charlie Chaplin est décédé, Eddy imagine un plan pour renflouer les caisses : voler le cercueil de l’acteur et rançonner sa richissime famille. Son raisonnement est simple : « Charlot était l’ami des pauvres, des sans-toits, des migrants…Nous, on est les trois à la fois ! ». Après s’être vu refusé un prêt d’argent à la banque et rêvant à des jours meilleurs pour sa femme souffrante, Osman s’embarque à contrecœur dans cette quête profane.

Connu et reconnu pour son film dramatique Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois s’essaye aujourd’hui à la comédie. Un pari risqué et pas tout a fait réussi puisqu’il existe plusieurs ombres au tableau.

Si l’idée de mettre en image l’histoire du vol de cercueil paraissait au premier abord alléchante et pleine de promesses, on retrouve au final un film très plat et qui peine à décoller. Cette anecdote complétement loufoque était pourtant synonyme de retournement de situations, de suspens mais aussi de cocasseries, avec des scènes plus risibles et fantasques les unes que les autres. Mais rien de tout cela dans le film de Beauvois.

À l’exception de l’une ou l’autre scène, La Rançon de la Gloire n’est en soit pas un film drôle ou burlesque, et n’exploite malheureusement pas ce comique de situation propre à l’acteur. Même si les références à Charlie Chaplin y sont présentes en nombre (tant dans la musique que dans les scènes muettes), le film s’inscrit essentiellement dans le registre de l’hommage. D’ailleurs, si vous entrez dans les salles obscures avec l’idée et l’espoir de visionner un film « à la façon Charlot », vous risqueriez certainement d’être déçu. Seules les rares scènes rétrospectives du comédien permettent d’engendrer les quelques éclats de rire.

Du côté du suspens, rien à se mettre sous la dent. Ni embûche, ni coups de théâtre.

Durant la phase charnière du film, lorsque les deux comparses déterrent et ré-enterrent le cercueil, on assiste impuissant à une interminable séquence de près de 10 minutes où rien ne se passe. Absolument rien.

Mais malgré un scénario faible et une intrigue trop mince, le réalisateur peut se targuer tout de même d’avoir formé un tandem magnifique étant donné que la sagesse de Roschdy Zem se mêle à la perfection à la rêverie et la douce folie de notre Poelvoorde national. Un rôle qui va d’ailleurs comme un gant à l’acteur belge, qui porte quasiment à lui seul le film sur ses épaules tant sa seule présence apporte contenance et profondeur aux personnages. Virtuose des émotions paradoxales, Poelvoorde transporte le spectateur, au travers des expressions de sa voix, de son visage et de son corps, aussi bien dans la stabilité que dans la fragilité, dans la roublardise que dans l’authenticité.

En dépit d’une trame bancale, on retiendra que La Rançon de la Gloire n’en reste pas moins un divertissement sympathique. Le genre de film que les américains surnomment « feel good movie » ; Même si le spectateur n’est pas hilare et qu’il sent venir la « happy ending » à dix kilomètres à la ronde, il sort tout de même de la salle avec le sourire. En ces temps de fête, on n’en demande pas plus.

A propos Maxime Cassart 5 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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