Réalité de Quentin Dupieux

realite affiche

Réalité

de Quentin Dupieux

Comédie dramatique

Avec Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez, Kyla Kenedy, John Glover

Sorti le 25 février 2015

Quentin Dupieux a débuté en tant que compositeur de musique électronique sous le nom de Mr. Oizo. Tout ceux qui ont grandi dans les années 90 ont vu au moins une fois le clip de son tube Flat Beat avec cette marionnette jaune qui secoue la tête. Il s’est lancé dans le cinéma depuis un certain nombre d’années et le mot qui défini le mieux son style est : surréaliste.

Il a enchaîné les titres étranges, depuis Nonfilm en 2002 jusqu’au film de cette année, Réalité. Ce sont toujours des films hallucinants qui abordent de manière détournée l’industrie artistique. Réalité, tout comme Rubber en 2010, s’attaque à notre vision du cinéma, à ses producteurs et surtout à ses spectateurs.

Jason, joué par Alain Chabat, est un caméraman banal travaillant sur une émission télévisée mais il a l’ambition de devenir réalisateur. Il va donc voir son ami Bob, qui est producteur, pour lui présenter son projet de film. Malgré le pitch approximatif de son ami, Bob est emballé pour lancer ce film, parlant de postes de télévision tueurs, à condition que Jason trouve le meilleur gémissement du cinéma. À côté de cette trame centrale, nous suivons l’évolution de plusieurs personnages, principalement une petite fille nommée Réalité qui trouve une cassette vidéo dans le ventre d’un sanglier.

L’histoire de Réalité n’a pas beaucoup d’importance en soit, ce n’est qu’un cadre pour nous présenter cette mise en abîme qui nous fait mélanger réel et imaginaire. On ne sait jamais très bien qui existe vraiment, qui fait partie d’un film dans le film et les lignes du temps se croisent en nous apportant leur lot de confusions, ce qui est bel et bien le but de Réalité.

Tout est fait, dans le fond et dans la forme, pour que le spectateur se sente dans un rêve, dans un monde avec une logique propre. La mise en scène est très belle et les plans de caméra sont très esthétiques. Le montage est particulièrement pertinent, nous faisant sauter très naturellement d’un personnage à l’autre. À côté de ça, certaines scènes mettent volontairement à dure épreuve nos attentes développées par des années de cinéma classique.

Réalité n’est pas un film pour tout le monde, son manque de premier degré risque d’en déstabiliser plus d’un, mais ce que nous avons reflète parfaitement l’intention de Quentin Dupieux. Derrière son pur surréalisme se cache aussi un humour noir, cynique qui est grandement apprécié. Si vous recherchez ce même humour dans un scénario plus explicite, tournez-vous plutôt vers Wrong Cops. Réalité est comparable sur un certain nombre de points à Videodrome de David Cronenberg et c’est clairement un hommage aux films de ce grand réalisateur américain.

Étant compositeur de base, Quentin Dupieux fait généralement la musique de tous ses films, mais ce n’est pas le cas pour Réalité. Il y a une seule musique qui est une boucle de quelques minutes d’un extrait de Music With Changing Parts, de Philippe Glass. Cela donne une ambiance sonore très répétitive qui ne fait que renforcer la désorientation du spectateur, ce qui est clairement l’intention recherchée.

Au final, c’est un film très riche qui plaira particulièrement aux cinéastes en herbe, car il est difficile de comprendre ses thèmes si l’on ne s’intéresse pas aux dessous du 7ème art. On peut facilement imaginer que chaque personne aura sa propre interprétation des scènes les plus étranges, mais ça ne fait que rendre les discutions autour de Réalité encore plus intéressantes.

A propos Gilles Binot 16 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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