La femme à l’étoile : Anthony Pastor signe un western glaçant.

Scénario : Anthony Pastor
Dessin : Anthony Pastor
Éditeur : Casterman
Sortie : 05 avril 2023
Genre : Western

Un souffle glacé s’échappe des naseaux du cheval. Son corps engourdi faiblit, à mesure que ses pattes s’enfoncent dans la neige. Mais, pas question de s’arrêter. Pour le propriétaire de la monture, le repos serait synonyme de mort. Oh, bien sûr, le froid est une menace, celui qui glace les os et plonge dans des sommeils éternels. Mais est-ce vraiment bien la seule ?  Une ombre plane sur la tête du mystérieux cavalier, comme un danger. Des assaillants, chasseurs de tête et pseudo-justiciers du Divin, semblent être à ses trousses. Après tout, notre héros n’est peut-être pas aussi immaculé que le paysage. Mais qu’il se rassure, au bout du chemin, se trouve un village abandonné dont même le nom sonne comme une promesse de rédemption.

A Promesa, il s’attendait à ne trouver que les fantômes d’un passé sanglant qui a contraint les derniers habitants à l’exil. Du moins, c’est ce que deux trappeurs rencontrés sur la route lui ont prédit. Mais il se retrouve vite nez à nez avec le canon d’une pouliche qui s’était travestie en shérif pour masquer son statut de hors-la-loi. Entre les deux fugitifs, naît alors une drôle de relation sincère, mais nécessaire. Dans ce décor de givre, ils brûlent d’une même envie de vivre. Ensemble, ils bâtissent à partir de ruines, une forteresse qu’ils veulent infranchissable. S’ils sont aussi disposés à affronter les forces de l’ordre qui ont mis leur tête à prix, c’est pour rétablir la vérité. Car ils sont moins les coupables que les victimes des crimes dont on les accuse. Tuer, jamais. Sauf, s’il s’agit de sauver sa peau. Et ça, ils n’hésiteront pas à recommencer.

Classique, La femme à l’étoile l’est. Mais avec panache. On lui retrouve les codes qui ont su séduire les grands lecteurs de bandes dessinées du siècle passé ; ses cadrages cinématographiques, ses transitions, ses personnages féminins au regard langoureux et aux lèvres pulpeuses. Et pourtant, il est plus question de détournement que de mimétisme. Anthony Pastor se réapproprie le dessin à l’aquarelle pour le rendre moins rigide, moins délimité. Comme ses personnages, plus libre. La couleur est un autre parti-pris qui donne au livre son caractère. Loin des couchers de soleil qui illuminent les plaines ensablées de l’Oklahoma, ce sont des tempêtes de neige qui tapissent d’un bleu froid les cases de La femme à l’étoile. On se retrouve dans un décor famélique de pins dégarnis. En bref, ils sont plutôt Huit Salopards que Le Bon, la Brute et le Truand.