La bombe humaine au Théâtre National : une pièce intelligente et bienveillante

© Andrea Messana

De et avec Eline Schumacher et Vincent Hennebicq. Du 23 septembre au 3 octobre 2021 au Théâtre National.

Et si on parlait dérèglement climatique, chute des civilisations, croissance économique dangereuse, injustices sociales et environnementales ? Et si on parlait aussi de toutes ces incohérences qui parsèment nos vies, encore plus quand, éclairés, nous tentons de faire ce qu’on peut à notre échelle ? Voilà le contenu de La Bombe Humaine. Joyeux et plein d’optimisme, n’est-ce pas ?

Eline Schumacher et Vincent Hennebicq  partagent avec nous toute une série de réflexions sur le monde actuel (surtout celui qui part totalement en vrille) à travers leurs propres vies. De cette manière, le côté moralisateur qu’on pourrait craindre et évité. Au lieu de se sentir jugé sur notre propre manière d’exister, Eline et Vincent, avec franchise, nous disent plutôt que c’est normal, qu’on est tous (ou presque) au même niveau. Et ça fait tellement du bien.

Au fil du spectacle, on apprendre que ce dernier a évolué au fur et à mesure, d’une part à cause de la crise sanitaire et d’autre part à cause, ou grâce, justement à ce besoin de cohérence. Parce que oui, une pièce de théâtre, ça consomme pas mal d’énergie ou ça demande parfois du matériel qu’on doit commander chez le géant du commerce en ligne, entre autres. Alors, des choix doivent se faire et donc des modifications, des sacrifices et des compromis. En somme, l’évolution de la forme du spectacle est un joli parallèle avec l’évolution de la forme de nos vies, de notre manière de consommer en ce moment. Un fouillis complexe, prise de tête mais nécessaire car on a plus le temps de se poser de question, il faut agir.

Grand plus pour la mise en scène et l’utilisation de l’espace. Il est assez reconnu que la contrainte force les gens à être plus astucieux. Nouvelle preuve en est avec La Bombe Humaine qui parvient à poser différents lieux, temps et personnages sans avoir recours à des artifices. Beaucoup d’intelligence et de bienveillance dans cette géniale pièce, qui fera du bien non pas au moral, mais à la graine d’espoir qu’on porte peut-être encore en nous. Et honnêtement, ce n’était pas gagné à la lecture du synopsis.