« Je suis la maman du bourreau », un roman subtil à la thématique épineuse…

Titre : Je suis la maman du bourreau
Auteur : David Lelait-Helo
Editions : Héloïse d’Ormesson
Date de parution : 13 janvier 2022
Genre : Roman

Dans la famille de Miremont, on demande le fils. Ou plutôt LE Fils. Pierre-Marie, le garçon tant attendu après ses sœurs aînées, le chouchou, le petit dernier, le fiston à sa maman, Gabrielle. Et pour une mère extrêmement croyante, le fait que son enfant ait pris la décision d’entrer dans les ordres représente la cerise sur le gâteau divin.

Cependant, quelques dizaines d’années plus tard, ce tableau des plus respectables est irrémédiablement saccagé lorsqu’un journaliste dénonce des faits de pédophilie au sein de la paroisse. Sceptique dans un premier temps, Gabrielle est ensuite bouleversée par le témoignage d’un homme abusé durant son enfance par un prêtre. La vieille dame tient à rencontrer cette victime pour en savoir plus sur ces agissements. Mais la nouvelle tombe comme un couperet quant à l’identité du pédophile…

Avec un titre comme Je suis la maman du bourreau, votre flair aiguisé vous aura mis sur la piste du pervers ! Il ne s’agit évidemment pas d’un roman à suspense (encore que…) mais de la confession d’une mère qui voit son univers s’écrouler et qui remet en question l’éducation donnée à ses enfants. Aurait-elle loupé des indices ? Aurait-elle inconsciemment fermé les yeux sur certains comportements ?

David Lelait-Helo parvient à nous faire éprouver de la compassion envers Gabrielle, un personnage qui, au début du roman, serait plus communément qualifiée de vieille peau dédaigneuse aux œillères méprisables lorsqu’on aborde les abus sexuels au sein de l’Eglise. Mais au crépuscule de sa vie, elle essaie de retracer les fautes qu’elle aurait commises tout au long de celle-ci, ce qui en fait, finalement, elle aussi une victime qui se flagellera jusqu’à son dernier souffle.

Le sujet de la pédophilie et les répercussions sur les enfants abusés sont abordés de façon pudique, le tout dans un style sobre et direct. En approchant ces thématiques aussi épineuses et casse-gueule, l’auteur réussit élégamment à ne pas tomber dans un pamphlet anti-catholique ou anti-religieux, mais à nous exposer la souffrance sans nom et le courage d’une femme, d’une mère et d’une croyante.

Alors, longue vie à Je suis la maman du bourreau, un texte poignant et sensible qui ne vous laissera pas indifférent. Amen.