Festival Filmer à tout prix, une programmation aussi riche de sens que de forme

Rendez-vous devenu désormais tradition, cette année se tiendra la 17ème édition de Filmer à tout prix ! Tous les deux ans, le festival rassemble un corpus de productions documentaires venues de Belgique et d’ailleurs à la recherche de réponses, de justice, de parole avec toujours la singularité de leur « Je » narratif. Il semble loin le temps des origines teintées de propagandisme du cinéma documentaire et pourtant. A contrecourant des narrations qui prêchent des objets de savoir ou revendiquent une vérité absolue, la sélection du festival Filmer à tout prix propose des récits qui n’utilisent ni le nous savant, ni la troisième personne généraliste, mais bel et bien le « Je », singulier empli de toute sa subjectivité, de sa propre expérience du réel. En découle une programmation aussi riche de sens que de forme qui appelle le spectateur à devenir (toujours plus) actif.

Comme chaque année, la sélection Panorama Belge, rassemble des productions de la partie francophone du pays de ces deux dernières années. A ses côtés, trois programmes à thème qui nous amènent à nous poser les bonnes questions sur le cinéma documentaire, sa place dans la société mais aussi la nôtre.

Cinéma à charge qui se focalise sur des productions qui ont endossé le rôle d’enquêteur, parfois même de juge. Des récits de guerre (Winter Soldier ou L’authentique procès de Carl Emmanuel Jung), de faits divers (Le meurtre de Fred Hampton, Tre ipotesi sulla morte di Pinelli, The Thin Blue Line), des témoignages de ceux qui restent (Varsovie 1956), les huit films proposés dans cette programmation réinterrogent le pouvoir de vérité des images.

Regard sur l’Algérie Contemporaine, programmation proposée par Pauline David (Le P’tit Ciné – Regards sur les Docs) met en lumière la soif de liberté et de création de cette nouvelle vague de documentaristes et cinéastes algériens. Qu’ils travaillent en huis clos (Dans ma tête un rond-point, Bla Cinima), à travers la poésie (La tempête), par-delà le facteur affectif (Lettre à ma sœur, Samir dans la poussière) ; les sept films sélectionnés sont forts de repenser les territoires imaginaires et cartographies cinématographiques.

Enfin, (Do not) look at the flash se focalise sur des productions autour (de près comme de loin) de la plus grande arme de destruction massive du monde à travers une programmation de 26 films, allant des grands maitres tels que Peter Watkins et Frederick Wiseman, à des courts métrages expérimentaux notamment dans la séance « Experimental Views on the Bomb ».

Sans oublier, les trois sélections en compétitions officielles qui concourront au travers 11 catégories. La compétition de courts métrages rassemble des cinéastes belges, souvent en début de carrière, qui repensent ce rapport au nouveau dictat du « filmer à tout prix ». Les dix films de la compétition longs métrages belges chamboulent la tradition narrative à travers des dispositifs narratifs singuliers et justifiés. La sélection internationale a, quant à elle, la dure tâche de dresser un panorama des deux dernières années des productions de ceux qui résistent tout autour de nous.

Créative, libre, la sélection de cette 17ème édition du festival Filmer à tout prix se veut porteuse de nouveaux questionnements comme autant d’actes de résistance. Que ce soit à travers ses 99 productions cinématographiques ou ses rencontres et discussions, nous sommes tous invités à devenir acteurs du débat de nos vies.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine