« Laïka », le tout nouveau testament d’Ascanio Celestini

Texte et mise en scène d’Ascanio Celestini avec David Murgia, Maurice Blanchy et Yolande Moreau (voix-off). Du 31/10 au 06/11/2017 au Théâtre National.

Après « Discours à la nation », Ascanio Celestini, auteur et metteur en scène, et David Murgia, comédien, nous présentent la pièce « Laïka ».

La scène se compose de quelques lampes et une lumière formant un halo central donnant l’impression que le personnage entre sur un ring pour débiter des paroles qui le tourmentent. Il faut d’ailleurs s’accrocher, car le flot est incessant, sans doute le miroir d’une urgence à dire, à décrypter un constat le plus rapidement possible afin d’en faire émerger les maux. Un choix voulu dont on salue la performance, mais qui nous fait quelque peu passer à côté d’un texte qu’on aurait aimer entendre résonner pour en retenir sa subtilité, sa poésie et son ironie. Heureusement, la parole se calme par la suite car, même si il y a urgence à dire, il y a urgence à entendre.

Ce personnage, interprété par David Murgia, est un alcoolique qui passe son temps au comptoir et derrière sa fenêtre à observer les va et vient de ses voisins. C’est donc l’histoire d’un immeuble, de la rencontre entre des personnages : il y a cette dame qui a la tête embrouillée, ce clochard en bas de la rue, cette prostituée, ce gars alcoolique…et…un miracle.

En arrière de la scène, un rideau rouge s’ouvre sur des caisses de bières et un accordéoniste, Maurice Blanchy. Les scènes de vie sont entrecoupées par la voix-off de Yolande Moreau qui ponctue l’histoire et amène une voix chaleureuse et fragile à la fois.

Laïka, c’est cette chienne envoyée en orbite autour de la Terre en 1957 par le programme spatial soviétique.

Laïka, c’est aussi ce « petit aboyeur », traduction du russe, que nous jouerait David Murgia. Cet homme qui raconte tout sur ce qu’il se passe dans son immeuble et qui, au comptoir du bar, se questionne sur Dieu. Et dans cette ambiance entre racontés et vécus, ses pensées se confrontent entre cet homme qui aurait créé le monde en sept jours et Stephen Hawking, physicien théoricien et cosmologiste britannique. Qui doit-on croire ? Et peut-on croire en Dieu avec tout ce qu’il fait ?

Laïka, nous dit le personnage, c’est enfin une chienne de rues qui a été choisie car elle est plus résistante qu’une chienne de riche. Et, elle fut pour quelques heures, la créature vivante la plus proche de Dieu. Le texte fait le parallèle avec « ces petites gens » comme on les appelle, en faisant le focus sur leurs vies prises par le fardeau de la précarité, l’exploitation, la solitude… Un parallèle qui humanise et valorise tous ces gens. Ce texte nous les rend attachants, vivants et porte notre regard bien plus loin car « Ils n’ont pas toujours été cela ».

A propos Celine Pagniez 12 Articles
Journaliste du Suricate Magazine