Fabien Olicard : « le seul spectacle existant qui mélange humour, sciences et mentalisme »

Mentaliste, homme de scène, youtoubeur mais avant tout fan de sciences, Fabien Olicard ne cesse d’impressionner les foules partout où il passe. En octobre 2020, ce curieux par nature transmettra sa passion au public belge avec son spectacle intitulé « Singularité ».

Rencontre avec un homme intéressant et éminemment sympathique qui redéfinit à sa manière le divertissement.


Comment arrive-t-on dans le monde du mentalisme, bien moins mis en exergue que celui de la magie ?

C’est une discipline à laquelle on arrive par un chemin inverse. Je ne me suis jamais dit : « je veux être mentaliste ! ». Depuis l’âge de huit ans, j’ai plutôt eu des passions qui se sont additionnées : l’illusionnisme, la psychologie, le cerveau, les sciences, le mental,… Et un jour, j’ai du choisir un métier. Je me suis alors dit que j’allais monter sur scène pour faire marrer les gens, faire un one man show. Mais pour parler de quoi ? J’ai alors utilisé ce qui me passionnait depuis toujours : le mentalisme. C’est ce qui me définissait car ce mot réunissait tout ce qui me passionnait. C’est un mot-valise, un peu fourre-tout, sur lequel on peut mettre une définition complexe et personnelle.

Alors pourquoi le mentalisme et pas autre chose ? Aucune idée ! Pour ma part, ce qui a résonné dans ma tête d’enfant, c’est un bouquin d’illusionnisme où le dernier chapitre s’appelait « il n’y a pas de truc ! », dédié justement au mentalisme. J’ai voulu en savoir plus et cela m’a emmené sur des bouquins de science cognitive que je lisais dans la cour de récré… ce qui faisait que je n’avais pas beaucoup d’amis à l’école (rires). Et de fil en aiguille, je me suis intéressé à tout cela.

Votre spectacle comporte énormément d’humour. Pourquoi ne vous êtes-vous pas lancé uniquement dans un show humoristique ?

Au départ, j’étais un peu parti sur ça. Maintenant, pour qu’un one man show fonctionne, il faut que le sujet nous touche. Ce qui me touche, c’est ma passion pour le mental. Qui plus est, il y a un peu de pédagogie qui traîne dans mon ADN. J’aime expliquer les choses aux gens et transmettre. Je n’ai donc pas été contre ma nature, j’ai fait un spectacle de mentalisme sur scène. Mais j’y ai mis de l’humour car je ne souhaitais pas en faire un truc mystérieux. Ce n’est pas moi.

Cela permet-il de mettre plus de liant dans le spectacle ? D’éviter un enchaînement de tours ?

Je ne veux pas bluffer les gens à tous les instants. La performance ne m’intéresse pas. La performance doit être un prétexte à quelque chose ou la conclusion de quelque chose, mais elle ne peut pas être la chose en elle-même. Quand j’écris mes spectacles, je veille à ce que le spectacle soit agréable à voir, même sans les coups de bluff. {…} Si je ne faisais pas d’humour dans le spectacle, cela deviendrait probablement une conférence sans trop d’intérêt, voire même trop spécialisée.

Est-ce que le mentalisme peut être assimilé à de la manipulation ?

Ce serait vrai, mais faux parce que réducteur. C’est vrai, car la manipulation peut faire partie du panel, vu qu’il n’y a pas de définition du mentalisme. Ma définition, c’est un mélange de techniques d’illusionnisme, de psychologie, d’influence et de mémoire dans le but de bluffer les gens ou, encore mieux, de les amener à se bluffer eux-mêmes.

Mais si on y réfléchit bien, on ne fait que ça dans la vie de tous les jours. Le moment où vous allez me poser une question, c’est déjà une manipulation puisque vous me manipulez pour avoir une réponse dans un certain sens, même si vous ne l’orientez pas.

La participation active du public est-elle indispensable à un spectacle de mentalisme ? Y a-t-il des publics plus froids ?

J’arrive toujours à mes fins. Il peut y avoir des ratés dans le spectacle, sinon ce serait de la magie, mais c’est prévu. Je pense que si demain, le public était plus froid, ce serait en partie de ma faute. Le travail du public, c’est de venir voir le spectacle. Du coup, c’est l’artiste qui génère l’ambiance de sa salle, que ce soit dans le mentalisme ou tout autre chose. Après, ce n’est pas comme un spectacle d’hypnose où on a besoin de personnes qui réagissent à ceci ou à cela. Donc, si on apporte assez d’humour, assez de bienveillance, de convivialité et surtout, ne participe que les personnes qui ont envie de participer, tout se passe bien.

Est-ce que votre spectacle est accessible pour les enfants ?

Oui, c’est tout public pour deux raisons. La première, c’est qu’il n’y aucun gros mots ou vulgarité, ça ne me correspond pas. Et ensuite, concernant la compréhension, même si ce n’est pas destiné aux enfants à la base, cela va  leurs  plaire parce qu’ils vont aimer l’ambiance, ils vont aimer des moments précis, même s’ils passeront peut-être à côté de certaines choses.

Pour être honnête, je pense qu’en dessous de sept ans, ils vont passer à côté de beaucoup de choses pendant deux heures. Mais à partir de cet âge-là, il n’y a aucun souci, ils vont suivre largement le spectacle dans les grandes lignes. C’est d’ailleurs une grande fierté pour moi. Mes trois spectacles ont toujours réuni l’entièreté de la famille. Je peux avoir un enfant avec son grand frère, son père et son grand-père, tous les quatre vont vivre une expérience commune tout en appréciant des choses différentes.

Dans l’accroche de votre spectacle, vous annoncez aller chercher la singularité de chacun. Que voulez-vous dire par là ?

Quand j’ai écrit ce spectacle et quand je lui ai cherché un nom, je me suis dit qu’il était tout de même très singulier. C’est le seul spectacle existant qui mélange humour, sciences et mentalisme. Puis, je suis allé plus loin dans ma réflexion et je me suis dit que chaque personne était singulière. Nous sommes tous nés avec 68 à 100 milliards de neurones, connectés pareil, ce qui fait qu’on pense de la même manière, selon les mêmes schémas qui font que l’on se trompe et on se fait avoir de la même manière. Et pourtant, on est tout de même très singulier. Chaque personne a un caractère unique, une pensée unique. Donc, on a un socle commun tout en étant unique. C’est tout de même un beau paradoxe.

Je suis d’ailleurs passionné par un autre truc qui est l’astrophysique et la théorie de l’information qui prétend que l’univers aurait un plan – je n’y crois pas forcément mais je trouve cela assez fascinant comme concept -. Cela nous amène au Big Bang qui est le numéro final du spectacle. Le nom scientifique du Big Bang, c’est la singularité. Il n’y a donc pas de hasard et c’est pour toutes ces raisons que mon spectacle s’appelle comme cela.

Parallèlement à cela, vous avez également une chaîne Youtube où vous expliquez un certain nombre de choses qui parfois, sortent complètement du sujet de votre spectacle ou du mentalisme…

Quand j’ai lancé cette chaîne en 2016, c’était davantage un défi créatif. Et il s’avère que j’ai adoré faire des vidéos, j’ai adoré le processus de création court contrairement au spectacle qui demande un processus de création lent. Là, je pouvais avoir une idée de vidéo le matin, l’écrire en fin de matinée, la tourner en début d’après-midi, la monter dans l’après-midi et la sortir le soir. En tant qu’artiste, c’est génial. J’ai donc commencé à ne faire que des vidéos de mentalisme. Après cela m’a enfermé et cela commençait à m’ennuyer. Je me suis alors dit que je pouvais l’élargir à toutes mes passions qui ne sont pour autant pas dissonantes avec le fait que je sois mentaliste.

Fabien Olicard présentera « Singularité » le 12 octobre au Cirque Royal et le 13 octobre au Forum de Liège.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.