« En Même Temps », une cohabitation en demi-teinte

En Même Temps
de Gustave Kervern et Benoît Delépine
Comédie
Avec Vincent Macaigne, Jonathan Cohen, India Hair
Sorti le 6 avril 2022

A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, Delépine et Kervern reviennent avec une satire politique fidèle à leur style mais qui tire en longueur. 

Du punk à chien dans Le Grand Soir, au start-upper loser dans I Feel Good en passant par des agriculteurs alcoolos dans Saint Amour, le duo “grolandais” avait pour habitude de mettre en lumière les laissés-pour-compte. Il ne leur manquait donc plus qu’à poser leur objectif sur ceux qui les gouvernent. C’est désormais chose faite avec En Même Temps.

Dans leur dernier film, deux maires, l’un se définissant comme d’extrême-centre, l’autre écolo, se rencontrent pour discuter de la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt. Après avoir noyé leur désaccord dans quelques godets, ils se retrouvent piégés dans une maison close par une militante féministe qui les colle littéralement l’un contre l’autre avec de la super glu.

A partir de ce postulat burlesque, Delépine et Kervern s’en donnent à cœur-joie pour pointer le clientélisme, l’opportunisme et les contradictions de ses personnages. Si Vincent Macaigne assure en écolo intolérant mais pas à l’abri du vice, Jonathan Cohen étonne en élu de droite adepte de greenwashing, teinté d’homophobie et d’une misogynie assumée. Le duo fait mouche et offre une petite poignée de séquences jubilatoires et incisives, aidé par quelques têtes connues en guise de guest (Yolande Moreau, Anna Mouglalis, François Damiens).

Mais les cinéastes ne semblent pas toujours à l’aise avec ce qu’ils défendent ou dénoncent. Par exemple : d’un côté le film se moque du côté réac’ du maire de droite, de l’autre on a droit à un running-gag bas-de-plafond sur l’écriture inclusive que prônent les militantes féministes. Couplé à des ruptures de tons brutales, des facilités d’écriture et un dernier tiers qui tire trop sur la corde, En Même Temps perd vite de son souffle comique et s’engouffre dans la répétition.