Damascus, l’écho de ceux qui ont choisi de rester

Damascus

de Myrna Nabhan

Documentaire

Sorti le 26 septembre 2018

Là où l’espoir est le dernier à mourir. Le sous-titre de ce documentaire résume tout. Dans Damascus, Myrna Nabhan a voulu montrer un autre regard sur le conflit syrien, à Damas, sa ville de cœur. Elle part à la rencontre d’une société moderne épuisée par la guerre et qui tente de continuer à vivre avec le peu d’espoir qui lui reste.

Le flux constant d’images de guerre et d’horreur dans les médias me semble désincarnées, déconnectées des réalités humaines sur place. J’ai donc décidé de partir à la recherche de ces images manquantes, absente de nos écrans de télévisions. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce documentaire tourné en 2015 et 2016 à Damas. Née à Bruxelles de père syrien et de mère marocaine, la politologue Myrna Nabhan a vécu en Syrie toute sa jeunesse avant de faire ses études à Bruxelles. Lorsque la guerre éclate en 2011, elle continue à se rendre dans son pays de cœur, pour voir sa famille et ses amis. C’est aussi en discutant avec ses proches en Belgique qu’elle décide d’essayer de montrer une autre facette d’un pays en guerre au 21ème siècle, en donnant la parole à quelques personnes qui ont fait le choix de rester ou pas toujours. Chauffeur de taxi, coiffeuses, directeur de musée, étudiants, enfants, trentenaires de classe aisée ou sans abris, la belgo-syrienne de 32 ans est partie seule à la rencontre de ces gens, avec pour seul équipement, son smartphone, une caméra Gopro et un modeste financement fait de donations sur une plateforme participative. On comprend donc bien pourquoi la qualité des grands documentaires n’y est pas, mais c’est sans importance. Sa voix nous raconte en off le fil de ses rencontres et de ses ressentis sans imposer. Sur fond d’une belle musique orientale composée par l’artiste Husseim Rassim, réfugié irakien, ce sont quelques Damascènes qui, par leurs témoignages, guident le récit.

La vie continue

Au fils des rencontres, chaque personne raconte la manière dont elle ressent le conflit. Une femme parle de sa peur de sortir de chez elle le matin sans savoir si elle rentrera saine et sauve le soir. Des parents se demandent s’ils laisseront leurs enfants aller à l’école ce jour-là. D’autres ont inventé une chansonnette pour leur garçon de quatre ans afin de dédramatiser le bruit des déflagrations d’obus.

Ressortent de ces témoignages une paranoïa latente généralisée mais surtout une grande capacité de résilience. Les femmes continuent à aller chez le coiffeur ou à se retrouver pour le thé, les couples se marient, les étudiants poursuivent leurs études à l’université.

C’est en ce sens que ce documentaire est très réussi car ça fait du bien de voir autre chose que des maisons détruites, des tirs de roquettes et des hommes armés. Loin des analyses politiques et religieuses, il montre des femmes, des hommes et des enfants comme nous mais qui ont la malchance de vivre dans un pays en guerre. C’est un aperçu de ceux qui sont restés et qui, unis dans la douleur, se sont adaptés de manière effrayante à cette situation.

A propos Déborah Neusy 27 Articles
Journaliste du Suricate Magazine