[BIFFF 2020 (ou presque)] Code 8 ! Sauvez (Bruce) Willis, Chez moi

On ne va pas le répéter à chaque fois, le BIFFF est annulé. Les vacances de Pâques aussi, ça fait un mois que ces fichus gosses sont en vacances et que leurs parents s’obstinent à faire semblant de travailler à la maison. Mais qui dit annulation ou blocage à la maison, ne dit pas s’interdire ce plaisir coupable de regarder des films pourris, chelous, dingues, subversifs, dérangeants, gores, etc. Pour cela on a écumé les plateformes de VOD pour trouver un paquet de films correspondant à l’esprit de ce cher festival et vous partager deux trois idées pour pouvoir amener le BIFFF dans votre salon. Tuez encore ? Jamais plus !


Trauma Center, sauvez Willis !!!!

Vite, vite, direction la salle Ciné 13 pour la projection du nouveau Bruce Willis ! Le temps de faire la vidange et c’est parti, nous appuyons sur « play ». Décidément, cette édition 2020 du BIFFF est des plus surprenantes puisque nous avons obtenu ni plus ni moins que la télécommande du festival. Normal pour des habitués comme nous, nous direz-vous.

Voici donc Trauma Center qui, comme son nom l’indique, n’est pas une nouvelle production signée Lloyd Kaufman (ça s’écrit avec un « o »), mais bien le nouveau naufrage cinématographique de notre ami Bruce Willis. C’est bien simple, depuis la sortie de Red en 2010, le mec n’a plus fait que des merdes, à commencer par la voix off de Quatre mariages pour une lune de miel sur TF1. A croire qu’il a engagé le réalisateur Matt Eskandari uniquement pour le mettre en scène au milieu d’une kyrielle d’inconnus. Mauvaises langues que nous sommes ! Cela dit, Matt Eskandari sortira prochainement Survive The Night et Open Source avec… Bruce Willis en tête d’affiche. On dit ça, on dit rien.

Trauma Center, c’est l’histoire de Madison Taylor, une serveuse qui nous emmène à Puerto Rico, à l’instar de Shy’m. Pourquoi les Antilles ? Ben on n’en saura rien, car tout le film se déroule dans un hôpital banal et une ruelle pleine de poubelles où des gens meurent et des comptes se règlent. Même pas un petit Ricky Martin pour réchauffer les coeurs. En résumé, ambiance de merde !

Pendant ce temps-là, à San Juan, Madison se trouve au milieu d’un règlement de comptes dans la fameuse ruelle lugubre, alors qu’elle sortait les poubelles. Blessée par deux flics ripoux, elle est emmenée à l’hôpital, où réside déjà sa soeur qui a fait une crise d’asthme la veille (l’hospitalisation la plus conne de la terre, mais on a compris pourquoi vers la fin). John McClane, le seul flic non corrompu de San Juan, va alors la protéger dans une aile désaffectée de la clinique. Pourquoi ? Parce que dans le cas contraire, il fallait payer beaucoup trop de figurants. Donc Mario et Luigi arrivent à l’hosto pour lui faire la peau, car elle a une balle issue d’une arme de fonction logée dans la jambe (et donc on va savoir que ce sont des flics ! Prends ça Columbo !). S’ensuit alors un jeu de cache-cache dans les couloirs jusqu’à la plus belle scène du film : le face-à-face entre l’un des flics corrompus, tenant en otage la soeurette, et Madison qui d’un simple regard demande à sa cadette d’asperger les yeux de son bourreau d’un puff de Ventolin  ! ET CA MARCHE !

A toi, l’asthmatique qui lit cette rubrique, t’es un prédateur mec ! Te fais plus chier avec les files au supermarché, fais parler la poudre ! M.M.

Code 8 : code d’urgence pour film en danger de médiocrité

Si le pangolin était une espèce protégée, si les hommes ne s’aventuraient pas dans des endroits qu’ils devraient éviter en détruisant tout sur leur passage, bref si un vrai virus n’avait pas remplacé les virus et zombies du BIFFF, certains spectateurs se seraient laissés tenter par Code 8, du réalisateur Jeff Chan. Ils auraient sans doute été déçus, mais ça c’est une autre histoire…

Code 8, c’est l’histoire d’un électricien doté de super-pouvoirs, qui est entraîné dans une sombre histoire de braquage avec des trafiquants de drogue afin de réunir assez d’argent pour soigner le cancer de sa mère.

Le souci de Code 8, c’est finalement sa banalité et son manque de moyens, avec une histoire qui, si elle n’avait pas été traitée par un réalisateur ayant bu son casier de Cuvée des Trolls avant le tournage aurait pu donner quelque chose d’intéressant. A la lecture du scénario, on entrevoit d’ailleurs où le réalisateur sobre voulait en venir : une partie de la population ostracisée pour ses caractéristiques physiques, des pouvoirs publics obnubilés par le côté répressif de la lutte contre la drogue, une société où le système de santé est tellement mal en point que les gens ne savent plus se soigner… ça vous rappelle évidemment quelque chose, et ça aurait pu être le départ d’une bonne critique de la société actuelle, la projection dans le futur servant à mieux illustrer la catastrophe actuelle. Malheureusement, ces éléments sont peu ou pas utilisés pour faire avancer le récit, et le spectateur se retrouve face à une série B sans grande ambition.

Finalement, le public se serait ennuyé face à ce Code 8 ; pas assez bon pour garder le silence durant la projection, mais pas assez nul et déjanté pour provoquer les réactions hystériques des spectateurs. Un coup dans l’eau donc… Vivement la projection des films Asiatiques pour apporter un peu d’action et de joie de vivre dans la section « films qui passent avant 22h » V.P.

J’ai vu « Chez moi » ce mois chez moi

Le temps est beau, le ciel est bleu, c’est donc l’occasion pour votre fidèle serviteur de s’adonner au traditionnel concours de body painting. Et oui, entre deux séances horrifiques, qui n’a jamais laissé trainer un regard sur cet happening incontournable du BIFFF !? Confinement oblige, c’est ma voisine Jacqueline qui s’y est collée. Elue Miss Golden Kust au camping naturiste « La Feuille de vigne » à Bredene en 1962, elle n’a pas hésité une seule seconde pour prendre part à l’évènement. Merci à elle ! Toutefois, pas le temps d’admirer le chef d’oeuvre, direction la salle 9 3/4, une salle sciemment complexe à trouver puisqu’il s’agit ni plus ni moins de la salle consacrée aux produits des plates-formes de streaming comme Netflix ou Amazon (mais ne le dites pas trop fort, ça le fait pas trop en festival).

Au menu, « Chez moi » ou « Hogar » dans la langue de Cervantes, un thriller glaçant signé Alex et David Pastor. Les pères Pastor nous racontent donc l’histoire de Javier Munoz, un publicitaire au chômage qui peine à trouver un nouveau job à cause de son âge. Le manque d’argent l’amène à devoir se séparer de son luxueux appartement pour un autre, beaucoup plus modeste, situé dans les bas-quartiers de Barcelone. Un déclassement social qui perturbe lourdement l’intéressé. Javier décide dès lors d’espionner et de se rapprocher des nouveaux occupants de son ancien domicile, quitte à franchir toutes les limites.

Disons-le d’emblée, ce Hogar est succulent de méchanceté et tellement amoral qu’il en est jouissif. De fait, si le personnage de Javier Munoz dépeint une réalité contemporaine incontestable, à savoir le déclassement social, le film n’en demeure pas moins licencieux à tous les niveaux. A l’instar du personnage de Curly (incarné par Robert De Niro) dans le film Le Fan, il est en effet difficile d’éprouver une quelconque empathie pour l’homme puisque celui-ci coche davantage toutes les cases de la psychopathie que celles de Pôle Emploi. Javier est une raclure comme on en fait plus et ça, on aime et on en redemande. Et si vous estimez que Javier est un peu light pour une soirée BIFFF, attendez de voir le concierge de l’immeuble, vous ne serez pas déçus !

Marre des films qui finissent bien ? Rendez-vous sur Netflix à l’heure qui vous sied ! M.M.

Matthieu Matthys et Vincent Penninckx

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.