Choco-boys, un hommage qui ne plaira pas à tous

Scénario : Ralf König
Dessin : Ralf König
Éditeur : Dargaud
Sortie : 15 octobre 2021
Genre : western

Auteur de bandes dessinées le plus populaire d’Allemagne, Ralf König traite avec humour de sujets de société comme l’acceptation de la différence, les rapports hommes / femmes, le couple et les relations entre homosexuels et hétérosexuels. Des thèmes fortement présents dans Choco-boys, l’hommage à Lucky Luke paru en ce mois d’octobre chez Dargaud.

Même un héros du Far West a besoin de vacances. Garder quelques vaches helvétiques semble être l’occasion rêvée pour Lucky Luke. Ces vaches laitières délivrent le précieux lait indispensable à la fabrication des authentiques chocolats suisses. L’Ouest découvre le cacao, et le chocolat doit être bientôt dans toutes les bouches. Mais entre les chasseurs d’autographes, le chef de la tribu des Chicorées et deux cow-boys qui préfèrent se taper dessus à force d’amour impossible, il en viendrait presque à regretter les Dalton…

Que venait-il faire dans cette galère?

Si les qualités d’écriture et notamment l’humour qui parsème Choco-boys sont indéniables, même si tous les lecteurs ne comprendront pas les nombreux jeux de mots et références utilisés de long en large au fil de l’aventure, on ne peut que s’interroger sur l’utilité d’intégrer le célèbre cow-boy à cette histoire. A la lecture de cet album, on ne peut en effet que regretter que Lucky Luke, à qui l’on rend prétendument hommage, fasse office de figurant face au couple homosexuel, personnage principal du récit. Certes, il n’a jamais été volubile et le but ici est de tourner en dérision l’image macho du cowboy solitaire, néanmoins, il nous semble que ce dernier hommage à Morris de 2021, année de commémoration des soixante-quinze ans de la création du cowboy qui tire plus vite que son ombre, soit le plus faible de la série, en comparaison des magnifiques albums de Matthieu Bonhomme.

Le problème ne vient pas tant du fait que l’auteur décrive une réalité historique et la tourne de belle manière en dérision, mais plutôt du fait qu’il en fait trop… Trop de jeux de mots faciles, de références à des films – dont Brokeback Mountain duquel il tire la trame principale -et d’allusions sexuelles qui rendent méconnaissable l’univers de notre héros. Que Ralf König traite dans ses albums des thèmes qui lui sont chers est une chose tout à fait honorable, mais on se demande néanmoins pourquoi il a entraîné notre pauvre cowboy solitaire dans son combat.