« Chez Colette » ou le choc des générations

©Vivien Ghiron

De Marie-Paule Kumps et Nathalie Uffner. Mise en scène d’Ariane Rousseau. Avec Jeanne Cazelles, Timothée Journot, Marie-Paule Kumps, Emma Seine, Nathalie Uffner. Du 22 février au 30 mars 2024 au TTO.

Et si vous étiez devenus has been ? Y avez-vous déjà pensé ? Claude et Dominique sont deux amies récemment retraitées. Pourtant, elles se sentent encore l’envie de s’investir, de bouger, de travailler. Alors pourquoi pas se proposer comme serveuses dans le nouveau bistro qui vient d’ouvrir en face ? Au TTO, la pièce « Chez Colette » aborde le choc des générations et les clichés sur l’âgisme et le jeunisme.

Un jour, vous vous réveillez et le monde a décidé de vous considérer vieux, dépassé. Vous le voyez bien, la nouvelle génération ne vous trouve plus dans le coup. Pire encore, elle vous snobe. Qu’est-ce qui se passe quand une différence d’âge suffit à brouiller le dialogue ? Comment pourrait-on faire société quand on ne parle plus la même langue ?

Place à la bagarre

Manu et Nikita sont deux jeunes idéalistes, un tantinet opportuniste qui surfe sur le conflit ukrainien pour ouvrir un nouveau resto-bistrot branché balkan au doux nom de « Chez Colette ». Claude et Dominique sont récemment retraitées et, à l’heure où la société souhaiterait les mettre de côté, elles briguent toujours l’avant-scène. Alors que nos jeunes entrepreneurs recherchent de nouvelles serveuses, nos deux comparses y voient un signe du destin : elles se portent candidates pour la fonction. Se succèdent alors clichés et stéréotypes de genre qui opposeront bien évidemment nos binômes. Et bien que ce soit le ressort comique qui ait été choisi comme focale pour cette pièce, nous avons un tantinet regretté l’absence de trait d’union qui nous aurait permis de passer de la fiction à la réalité. Toutefois, nos comédiens sur scène s’amusent à se jeter piques et vacheries. Certaines ont d’ailleurs résonné dans le public, déclenchant ainsi des réactions enjouées. On soulignera également le très émouvant monologue porté par Marie-Paule Kumps, criante de vérité et de sincérité. Un très beau moment qui a été une agréable surprise.

En musique et en danse

La mise en scène que l’on doit à Ariane Rousseau a pris le parti de découper la pièce en différents tableaux. Elle alterne interprétation et parenthèses musicales, où se mêlent sonorités étrangères et danses chorégraphiées. Un rythme qui nous a permis d’admirer Jeanne Cazelles, Timothée Journot, Marie-Paule Kumps, Emma Seine et Nathalie Uffner dans toute l’étendue de leur palette de jeux. On souligne leur bonne humeur et leur investissement sincère à chaque étape de la pièce.

« Chez Colette » est une pièce où il flaire bon de se moquer de soi mais aussi des autres, de faire la part belle aux clichés et à ce que pense l’Autre. Le principal étant que l’on peut s’engueuler tant qu’à la fin on sait s’aimer.