Boby Lapointe, vie et parcours d’un homme de lettres, d’humour et de poésie

Création collective de Les compagnons pointent. Regard extérieur de Axel Cornil & Allan Bertin. Avec Valentin Demarcin, Benoît Janssens, Virgile Magniette. Du 27 novembre au 14 décembre 2019 au Théâtre des Martyrs

Qui connait encore Boby Lapointe ? Virtuose des mots et jeux de mots, chanteur au succès difficile dans les années 50 et victime de la déferlante yé-yé des années 60 et mort en 1972, à cinquante ans. Déjà oublié de son vivant, l’auteur de chansons comme Aragon et Castille, Saucisson de cheval et Ta Katie t’a quitté, est remis au goût du jour par trois représentants de la cellule contrepète du RPF (Restauration du Patrimoine Français), fondée par l’académicien français Charles Tricot.

Dans le cadre de la promotion de la langue française et de sa défense face aux anglicismes et à l’absence de rigueur pédagogique, ces trois experts en lapointisme ont décidé de mettre en avant l’un des plus dignes représentants du patrimoine des lettres françaises, en la personne de Boby Lapointe. Tout cela sous la forme d’une conférence d’une heure et quart, intitulée L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non écourtée de Boby Lapointe, avec vieux rétroprojecteur, boite à biscuits, bouilloire, accessoires à deux balles et musicien qu’on attend toujours et qui ne viendra jamais, où ils retracent son parcours de vie et artistique.

On y découvre, de manière moins approximative qu’il n’y paraît, une existence aussi atypique que l’œuvre : sa naissance et sa mort à Pézenas, ses premières amours, ses métiers de scaphandrier et d’installateur d’antennes télé, son évasion du STO en Allemagne pendant la guerre, ses succès et surtout ses échecs en tant que chanteur et comédien.

Le spectacle est ponctué de nombreuses chansons de Boby Lapointe et truffé de références à des dizaines d’autres personnalités et artistes, proches ou non, comme Boris Vian, Fernandel, Pierre Perret et encore son ami Georges Brassens, qui le soutiendra dans les moments difficiles et épongera ses dettes.

Les trois conférenciers – un petit chef nerveux, un grand mou et un pierrot étourdi – nous embarquent magistralement dans leur délire verbal et dans un univers foutraque, grâce à une écriture conforme à la veine calembourdesque, contrepétique et à-peu-presque de Boby Lapointe, un jeu non-verbal à mourir de rire et faisant parfois oublier le texte, dans un style naïf parfaitement maîtrisé, même si le ton s’essouffle une dizaine de minutes en milieu de spectacle avant de se reprendre.

On se trompe d’illustrations, on mélange les dates, on confond les lieux, on se perd dans des digressions loufoques ; rien ne marche comme prévu pour nos trois valeureux intervenants. Si ce n’est la joie et les rires des spectateurs tout le long du spectacle.