Quatorze juillet, un OVNI corrosif de Fabrice Adde aux Martyrs

Co-écriture et mise en scène d’Olivier Lopez. Texte et interprétation de Fabrice Adde. Du 7 janvier au 1er février 2020 au Théâtre des Martyrs. Crédit photo : Alban Van Wassenhove

Fabrice Adde vient du terroir normand qui est devenue ensuite comédien en Belgique. Après avoir écumé les planches, il se retrouvé embarqué au cinéma chez Bouli Lanners (Eldorado) ou Samuel Benchetrit (Chez Gino). Après un détour par la case Hollywood avec un petit rôle dans The Revenant avec Leonardo Di Caprio, on le retrouve dans un one man show qui le reconnecte au public et lui permet d’explorer ses réflexions sur le monde du théâtre.

De prime abord, il faut avoir le courage de passer la porte du Théâtre des Martyrs pour découvrir ce seul en scène mystérieux, au titre incompréhensible et au sujet plus que vague. On a comme clé qu’un résumé succinct sur le site du théâtre :

Quel est le lien entre Jacky Sauvage et Fabrice Adde ? Entre le conférencier spécialiste de la prise de parole en entreprise et qui vient nous exposer Comment parler en public ? et Fabrice Adde, l’acteur qui l’interprète ? Mise à part une improbable cravate, rien ne les distingue l’un de l’autre ou presque ! 

Élevant l’usage du coq-à-l’âne au niveau des beaux-arts, Quatorze juillet est un spectacle foutraque, précis à un endroit déréglé, sans définition, et d’une exigence terrible : celle d’être juste. Fabrice Adde joue sans réfléchir comme un enfant joue sans y penser, il fait face au gouffre d’une situation impossible : il a tout perdu… et s’en amuse avec nous.

Dès le départ, la frontière entre le comédien et son personnage est floue et permet à Fabrice Adde de servir son propos sans concession sur le milieu du théâtre. Attaquant par-ci, par-là le directeur de l’endroit qui l’accueille, les promoteurs qui cherchent à tout prix à avoir un titre, à la rapidité convenue à laquelle le spectacle doit être prêt, au manque de prises de risque et à la volonté des troupes de devoir trouver un sujet vendeur pour que leur projet soit remarqué par les programmateurs et le public, le recours permanent à la vidéo, etc.

Alors que lui veut défendre un spectacle avec ses imperfections, ses moments épiques, son amour du texte et par dessus tout, le fait de surprendre son public. Dans Quatorze juillet, Fabrice Adde parle de ses envies, ses coups de gueules et propose un seul en scène où il applique tout de ce qu’il défend. Il faut le voir rater, changer de personnages, faire rire, tirer à boulets rouges sur tout le monde ou déclamer magistralement les grands textes de Calderon, Claudel, Jouvet ou interpréter de manière absurde (avec un radiateur en guise d’accordéon) une chanson de Renaud.

Aller voir Quatorze juillet, c’est découvrir un comédien qui a quelque chose à dire et se laisser porter par son propos, en profitant de toutes les facettes de son jeu et pourquoi pas, en retirer quelque avis sur ce qu’il dénonce, sous les rires qu’il procure. C’est aussi oser découvrir un spectacle dont on ne sait pas grand chose mais qui pourrait bien vous surprendre.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine