BIFFF 2015 : De Hong Kong à l’Espagne, le Kitsch reste le Kitsch !


De la portée philosophique de l’art, et de l’importance de connaître son coeur. Comparés côte à côte, ces trois films permettent d’appréhender les qualités et défauts qui découlent d’une sensibilité Kitsch.

the ignorance of blood

Commençons par The Ignorance Of Blood, film espagnol de Manuel Gomez Perreira. On suit les aventures d’un flic de la brigade anti-mafia dans son enquête sur le meurtre présumé d’un capitaine de la mafia Russe en Espagne. Pour les dix premières minutes. Ensuite vient un kidnapping, des magouilles d’espionnage, du jihadisme en devenir, du mélodrame à deux sous, et j’en passe.

Le scénario est truffé de rebondissements plus improbables les uns que les autres, les fils narratifs sont laissés en suspens pendant des heures, que le héros passe dans sa voiture à nous expliquer ce qu’on a pas compris. Les acteurs sont mauvais, sans compter que leurs personnages seraient mieux qualifiés de clichés ambulants, et la photographie donne l’impression de regarder un soap opéra de qualité moyenne.

L’idée centrale n’est pas trop mal pour un film du genre; le fils du héros s’est fait enlever, il s’agit de le retrouver… On a eu trois Taken sur la même idée.


Navarro nous résoudrait ça en quarante-cinq minutes avec une pub au milieu, et il trouverait le temps pour une petite blague.

L’erreur principale du film est de ne pas se connaître. Muni d’un cheveu d’introspection, le réalisateur aurait bien vite remarqué l’absurdité de combiner trente-six thèmes, quarante-deux personnages et treize intrigues pour en faire un seul tas informe.

Un poil d’attention suffirait à s’arrêter sur les quelques moments intéressants, à se jouer du non-sens, à donner aux acteurs la liberté d’insuffler un semblant d’âme ou d’ambition dans le projet.

C’est franchement pas bon, bavard sans rien dire, prétentieux sans ambition.

The White Haired Witch Of Lunar Kingdom est fait du même tonneau, le sait, et s’en amuse.

The White Haired Witch Of Lunar Kingdom

Le scénario semble avoir été acheté dans le même distributeur, les acteurs ne sont pas beaucoup plus compétents, les rebondissements tout aussi absurdes, et les personnages découpés dans le même carton.

Le résultat n’est pas particulièrement bon, c’est la façon dont le film se fait plaisir qui est jouissif.

On suit l’aventure d’un jeune gradué de l’école d’arts martiaux locale (affiliée au trône par un rituel impliquant des pilules magiques), le papy du héros, et enfin bref tout ça n’a aucune importance. C’est plein de bagarres, de fesses, et de somptueux costumes. 
L’histoire a beau être sans grandes subtilités, on y suit volontiers nos clichés ambulants. Ils traversent des situations illogiques et sortent des dialogues improbables mais le font avec plaisir. On ne s’ennuie pas, pourtant ça n’arrête pas de causer de rien, et quand le dialogue est important on ne comprend jamais très bien qui veut quoi.

Le film est fondamentalement un costume élaboré pour une histoire d’amour très Kitsch. Le réalisateur a une réelle affection pour ses personnages et nous le fait savoir avec sa caméra. Il prend plaisir à baigner son film dans un bon jus de mélodrame. 
Ça se regarde tranquillement. On est pas dans le grand art, mais dans un honnête film qui a pour ambition de nous amuser pendant quelques heures.

Pari gagné.
 Si vous aimez le Kitsch, lisez la critique de Turbo Kid.

Quand Bioman botte le cul de Jean-Marie Le Pen

Turbo Kid

On connaissait New Kid Turbo, véritable chef d’oeuvre du cinéma hollandais, voici maintenant Turbo Kid ! Alors, autant le dire tout de suite, on a vraiment passé un bon moment devant ce film. Est-ce dû au scénario, au court-métrage délirant qui l’a précédé ou à la superbe ambiance que les réalisateurs ont mis sur la scène avant leur film ? Certainement à un mélange de ces trois éléments. Turbo Kid, c’est un peu l’histoire de Bioman qui rencontre Sailor Moon dans un monde post-apocalyptique qui ressemble à s’y méprendre à Charleroi. Une zone sinistrée de laquelle s’échappent des gaz toxiques et dans laquelle tout le monde en veut à vos possessions et ne fait rien de ses journées. Pas de doute, on est bien dans le Hainaut.

Mais trêve de plaisanteries, car les deux héros doivent faire face à un méchant vraiment très méchant, sorte de Jean-Marie Le Pen dopé à la kétamine, les dérapages sur la Shoa en moins.

Finalement, la principale raison pour laquelle Turbo Kid nous aura fait passer un bon moment, c’est son ambiance délirante et ses comiques de situations improbables. Parce que oui, pour imaginer que le bas du corps d’un mec atterrisse sur la tête d’un autre, l’aveuglant par la même occasion, c’est plutôt délirant ! Qu’à cela ne tienne, on en redemande et on attend déjà une suite avec impatience.

Jan Kazimirowski et Olivier Eggermont

A propos Jan Kazimirowski 36 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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