[Avignon OFF 2023] Le degré au-dessus de zéro au Théâtre Les 3 soleils – Chapelle Sainte Marthe

De Fanny Cabon, mise en scène de Xavier Simonin, avec Sophie Cabon. Au Théâtre Les 3 soleils – Chapelle Sainte Marthe à 17h35 du 6 au 29 juillet (relâche les 11, 18 et 25 juillet).

Dans une société où les violences faites au femmes sont si monnaie courante qu’elles en deviennent banales, une question se pose : à partir de quand je dis stop ? C’est cette question que Sophie Cabon souhaite nous poser dans sa pièce Le degré au-dessus de zéro. Abordant notamment la pyramide élaborée par Frank E. Bird qui exprime le fait que la probabilité qu’un accident grave survienne est directement proportionnelle au nombre de presque accidents et d’incidents, elle choisit de se concentrer sur le bas de la pyramide et ces incidents qui nous paraissent d’autant plus banals. Une main aux fesses ? J’ai l’habitude. Être insultée quand je refuse des avances ? Bah, ce n’est pas la première fois. Être violentée parce que je porte une jupe ? J’aurais du mettre un pantalon, voilà tout… Et si on disait stop à tout cela ? Si nous n’acceptions plus d’être touchées sans notre consentement, d’être insultées gratuitement, ou encore de s’habiller en fonction de ceux qui ne savent pas réprimer leurs pulsions ? A partir de différents témoignages, Sophie Cabon nous délivre une vérité juste et nécessaire : nous avons le droit de dire stop.

Le décor est sobre, principalement un podium interactif qui affichera des pourcentages liés au thème de la pièce, au fur et à mesure du spectacle. Ce dernier est par ailleurs intéressant de par sa conception, qui reprendra notamment les résultats de chaque questionnaire distribué en amont du spectacle afin d’enrichir les données. La mise en scène quant à elle ne nous convainc pas. Des accessoires sont utilisés afin de montrer les changements entre chaque personnage mais la proposition artistique du jeu de l’actrice sonne faux.

Dans Le degré au-dessus de zéro, Sophie Cabon, seule en scène, nous présente un thème primordial avec une belle énergie qui n’a pourtant pas l’effet escompté. A mi chemin entre la conférence et une pièce de théâtre, les parties où l’actrice s’adresse directement à nous sonnent juste et font écho à notre ressenti par les mots utilisés. En revanche, dans les scènes de vie, nous ressentons un décalage dérangeant entre le discours très dur et le jeu proposé, l’alliage des deux sonnant faux en ce qui nous concerne.

Cette pièce offre selon nous un discours nécessaire et essentiel dans le message qu’il délivre, les femmes ne devraient en effet pas accepter la moindre concession au respect qu’elles méritent, tout comme chaque être humain sur terre. Cependant, les choix de mise en scène nous perturbent et ne nous semblent guère adaptés au discours et à l’énergie de Sophie Cabon. Malgré cela, mesdames, mais également messieurs et toutes autre personne non genrée, ne manquez pas de vous poser cette question nécessaire : à partir de quand je dis stop ?