Anima 2023 : Nayola donnera le coup de feu de départ

Pour sa cérémonie d’ouverture ce vendredi, Anima met les voiles. Cap sur l’Angola. Mais le voyage ne sera pas de tout repos. Nayola traverse les époques pour nous raconter l’histoire d’une guerre qui n’en finit pas.

Dès les premières minutes, c’est une orgie de couleurs qui s’étirent pour former des montagnes des plaines et des déserts. C’est un océan infusé de jaune, de carmin et de turquoise qui nous chatouille les mirettes. Mais derrière cette palette séduisante de teintes exotiques, se cache une réalité bien noire. Une réalité de haine et de fureur caractéristique des conflits armés. Nayola, c’est l’histoire de trois générations de femmes angolaises qui se lèguent une guerre en héritage. L’une des héroïnes, Nayola, s’est engagée par amour dans cette lutte, dans l’espoir de retrouver un homme disparu au front, laissant à sa propre mère le soin d’élever la fille qu’elle vient de mettre au monde. Des années plus tard, c’est Yara qui succédera à cette mère qu’elle n’a pas connue, s’armant de sa voix pour chanter la vérité sur un armistice hypocrite, tâché du sang de la répression. Chacune à leur manière, ces trois femmes prennent position dans le conflit, luttant pour protéger leur foyer, leur amour ou leur liberté.

C’est un film engagé, bien sûr par son sujet mais aussi parce qu’il place des femmes au centre d’un univers qui se veut d’habitude masculin. Ces femmes sont des guerrières qui se refusent l’éternel rôle de l’épouse épleurée restée au foyer, en attendant le retour d’un mari auréolé des gloires militaires. Et à ce parti-pris, s’ajoute celui de la décontextualisation. Très peu d’informations sont données concernant les raisons du conflit. Et pour les spectateurs curieux de l’histoire de l’Angola, Nayola n’a qu’une réponse : c’est comme toute autre guerre, un affrontement entre deux armées, chacune convaincue de se battre pour ce qui est juste. Fort d’un scénario qui a déjà fait ses preuves au théâtre, puisque tiré de la pièce The Black Box, et d’une technique bien léchée, mariant différents styles, Nayola a déjà su séduire le jury de Annecy. Rien détonnant donc à ce qu’il hérite de l’honorable responsabilité d’ouvrir notre festival belge d’animation, ce vendredi 17 février à 20h.