Alibi.com, une comédie loin d’être « Splendid »

Alibi.com

de Philippe Lacheau

Comédie

Avec Philippe Lacheau, Elodie Fontan, Julien Arruti

Sorti le 15 février 2017

Il y a trois années de cela, le film Babysitting lançait la troupe de La Bande à Fifi dans le septième art, près de dix années après qu’elle ait foulé pour la première fois le plateau du Grand Journal de la chaîne cryptée Canal +. Si le film souffrait ça et là d’inexpérience voire de jeunisme, le résultat – à mi-chemin entre Very Bad Trip et Projet X – était plus que satisfaisant. Il n’en fallait pas moins à certains pour qualifier la troupe de trentenaires de « nouveau Splendid ». Un qualificatif aussi élogieux que prématuré, puisque Alibi.com dévoile déjà les limites de Philippe Lacheau, leader non proclamé de la troupe.

Alibi.com, c’est le nom de la startup créée par Greg et Augustin, et dans laquelle travaille Mehdi. Le but de cette société : élaborer de toutes pièces un alibi en béton pour celles et ceux qui le désirent. Mais alors que Greg file le parfait amour avec Flo, il se rend compte que le père de sa dulcinée n’est autre que l’un de ses clients souhaitant un alibi pour partir en vacances avec sa maîtresse.

Aussi léger soit-il, ce pitch (qui fait curieusement penser à celui d’Alibi de Johan Nijenhuis) présageait l’esquisse d’un film à sketches déjanté où La Bande à Fifi aurait pu réitérer ses prouesses drolatiques. Mais dès l’entame du film, notre enthousiasme est retombé aussi vite qu’un soufflé en mal de chaleur. Alors que le décor en carton-pâte des bureaux d’Alibi.com renvoie à un époque révolue, c’est avant tout à des scènes de palabres aussi mal jouées que potaches auxquelles le spectateur est confronté pendant près d’une demi-heure. Cela pour mettre en place un récit qui n’en ressentait nullement le besoin. De même, le défilé de caméo (citons Kad Merad, Joey Starr, La Fouine, Michèle Laroque, Norman Thavaud et Chantal Ladesou) aura tôt fait d’exaspérer le cinéphile tant il est superfétatoire.

Passée cette mise en bouche – ou plutôt ces errements -, le récit dévoile alors ses quelques qualités grâce à deux éléments : l’alchimie du duo « Didier Bourdon – Nathalie Baye » et l’enchainement de sketches comiques, réelle marque de fabrique de La Bande à Fifi. Toutefois, le long métrage ne s’extirpera jamais de l’imbroglio qu’il a lui-même installé en début de narration et ne parviendra plus à affranchir ses comédiens de leur cabotinage exécrable.

Hier symbole du renouveau de la comédie française, Philippe Lacheau semble aujourd’hui en être plutôt le digne descendant en tombant dans ses éternels travers, à savoir l’exagération textuelle, contextuelle et visuelle. Pour sûr, il faudra bien plus de génie et d’inventivité à Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti pour bousculer leurs « splendid » prédécesseurs.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.