« Affamés », on mangerait n’importe quoi

Affamés
de Scott Cooper
Epouvante-horreur, Thriller
Avec Keri Russell, Jesse Plemons, Jeremy T. Thomas
Sorti le 27 octobre 2021

Il était une fois, dans une petite ville minière perdue de l’Oregon, une institutrice en perdition confrontée à son jeune élève manifestement dérangé. Si ce dernier vit avec son père et son frère dans une cahute retirée, Lucas cache difficilement son lourd secret, que Julia va très vite découvrir à ses dépens, à ceux de son frère Paul, shérif local, et à ceux de la ville toute entière…

Antlers, ou Affamés par chez nous, entraîne son spectateur dans la détresse d’une Amérique post-industrielle qui n’a pas su s’adapter à la fin de sa grandeur. Non sans rappeler les charbonnages de nos pays, cette bourgade dont le nom importe peu symbolise toute la décrépitude du rêve américain, coincée entre montagnes, forêts et mines désaffectées.

Un contexte plus qu’intéressant, mais que le film se garde bien d’explorer au-delà de ses décors, car ici n’est pas le propos.

Ici, on vous demandera d’avoir peur, et avec insistance d’ailleurs. Car tout le monde a peur dans cette ville, alors pourquoi pas vous ? Des fabricants de drogue terrifiés par une créature innommable au vieil indien taciturne face aux légendes locales, en passant par un shérif peu rassuré par sa fonction et bien sûr nos deux protagonistes, Lucas et Julia, chacun tétanisés par leurs traumatismes, tout le monde a peur… sauf nous. C’est un comble.

Affamés aurait pu être un grand film d’horreur. Par son mélange des genres, par les sujets qu’il traite en sous-texte et par ses décors hautement cinématographiques. Malheureusement, Scott Cooper ne parvient pas à tenir un rythme constant, ni à faire sursauter plus d’une fois dans ce folk horror globalement décevant. Si le casting fait de son mieux pour tenir le film, la mollesse d’un scénario prévisible ruine le tout, sans parler d’une cinématographie assez plate, avec quelques rares moments de vrai cinéma. Une vraie tristesse, lorsqu’on voit l’atmosphère de cette ville oscillant entre Fargo et True Detective.

On reste donc proprement sur sa faim après ce film longuet et mou du genou. De Scott Cooper, (re)voyez plutôt Crazy Heart, avec Jeff Bridges en chanteur de country, bien plus satisfaisant.