Portraits sans paysage, au Théâtre National

© BSparagowska

Conception Nimis GroupePorteuse de projet Anne-Sophie Sterck – Mise en scène, dramaturgie & interprétation Jeddou Abdel Wahab, David Botbol, Pierrick De Luca, Tiguidanké Diallo Tilmant, Fatou Hane, Anne-Sophie Sterck, Sarah Testa, Anja TillbergÉcriture Anne-Sophie Sterck & collective

Dates : 

20 et 21/10 : Maison de la Culture de Tournai
16 et 17/11 :  Mars Mons
22-23-24-11 : Eden Charleroi (organisé par l´Ancre)
25>28/01 : Théâtre de Namur

Avec Portraits sans paysage, le Nimis Groupe poursuit le travail de recherche artistique sur la migration qui a commencé il y a plusieurs années. En 2016, en effet, les artistes du collectif liégeois interrogeaient les politiques migratoires de l’Union européenne et nous proposaient le spectacle Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu. Six ans après cette première création, le collectif réinvestit la scène du Théâtre National et nous propose un spectacle qui interroge la théorie et la pratique de l’accueil des migrants en Europe en mettant en évidence des dynamiques contradictoires et des paradoxes liés aux flux migratoires, et en donnant à réfléchir.

Après avoir pris place dans la salle, on est accueilli comme si on allait participer à une réunion d’un collectif qui réfléchit et agit pour comprendre le système socio-politique autour de l’accueil des migrants et des associations humanitaires. La mise en abime est tout de suite claire. La rencontre s’ouvre avec la lecture de l’ordre du jour et puis de différentes activités sont proposées par les membres du collectif, tout au long du spectacle.

A l’aide d’une mise en scène pétillante et de la présence naturelle et riche des comédiennes et des comédiens, on se sent complètement saisi, du début à la fin. Chaque comédien change de rôle selon le récit qui est raconté : chaque témoignage, donc, peut être partagé par un comédien ou une comédienne qui ne l’a pas directement vécu. Ce choix d’éviter l’assignation rigide d’un rôle à un interprète met en valeur l’aspect humain qui lie – comme un fils rouge invisible – tous les récits de migration. C’est vraiment égayant d’assister à l’enchainement fluide des scènes et aux synergies sur le plateau. Portraits sans paysage est un spectacle rythmé et dynamique pendant lequel on passe du rire à l’émotion, de la colère à l’envie de changement.

Quelle est la face cachée du travail humanitaire ? Quelles sont ses limites et quelles sont ses dérives ? Au moyen de l’investigation théâtrale, Portraits sans paysage dévoile la triste réalité des centres d’enfermements pour migrants en mettant en scène des témoignages de personnes qui en ont fait l’expérience, en tant qu’étrangers ou en tant que travailleurs. Il s’agit de véritables prisons qui détiennent des non-criminels, et ce dans des conditions inhumaines et invivables. Grâce à un admirable travail d’enquête, ce spectacle a le mérite d’informer, de sensibiliser et surtout d’induire une réflexion plus consciente sur la responsabilité des acteurs internationaux, mais aussi des citoyens.

A propos Elisa De Angelis 55 Articles
Journaliste du Suricate Magazine