137 façons de mourir au Théâtre de la vie, entre rires et malaise

Écriture et mise en scène de Virginie Strub. Avec Viola Baroncelli, Alessandro de Pascale-Kriloff, Ingrid Heiderscheidt, Christophe Lambert, Viviane Thiébaud… et guests. Du 3 au 14 décembre 2019 au Théâtre de la Vie.

Mais qu’est-ce que la vie ? N’est-elle pas une succession de morts ? Des morts qui la marquent, qui induisent des changements, du renouveau ! La Kirsh Compagnie fait un pied de nez à notre tendance au déni de la mort pour aborder ces différentes morts “corporelle, émotionnelle, morale, intellectuelle, sociale, culturelle, idéologique, symbolique”. Ces petites humiliations quotidiennes qui, parce qu’elles ne nous tuent pas, nous rendent plus fort !

137 façons de mourir / face B se présente comme une exploration de l’essence de l’humain, de “documentaire animalier sur la condition humaine”, une sorte d’éloge grotesque du fragile et du vulnérable, source de vie.

Cette face B constitue la première phase de cette recherche et s’appuie sur l’intime, tandis que Virginie Strub prévoit une deuxième phase à l’échelle macroscopique, qui abordera la mort d’une société, d’une communauté humaine.

Ainsi, les artistes donnent à voir le résultat de leurs “laboratoires anthropologiques”, traumatismes d’enfant puis humiliations d’adulte, sous la forme d’une succession et d’une superposition de scènes courtes, à la manière de la bande dessinée. L’espace scénique devient une planche de BD dont les cases n’ont pas de lien de temporalité ou de logique de continuité entre elles. Les corps matérialisent ces cases dans différents espaces sur scène et glissent de l’une à l’autre sous nos yeux.

Sur un ton tantôt drôle, tantôt cruel ou encore dramatique, les comédiens et comédiennes parviennent à nous faire véritablement vivre ces morts tout en conviant une part de notre imaginaire à investir ce qui est seulement suggéré.

Si le début est assez lent, le rythme s’accélère jusqu’à nous perdre dans une multitudes de scènes simultanées qui détonnent les unes par rapport aux autres. Le comique poussé à l’absurde d’un côté, tragique réaliste de l’autre : êtes-vous capable de rire de l’avant-plan quand à l’arrière se déroule une scène d’une insoutenable violence ?

Ces petites cases réveilleront en vous rires, silence, malaise, ou tout à la fois, car elles résonneront en vous, et ce sur fond d’homicide de scampis.