Zaï Zaï : un roman photo de l’absurde au Poche

© François-Xavier Cardon

Une adaptation de la BD Zai Zai Zai Zai de Fabcaro par Nicolas Ancion. Du Collectif Mensuel, avec Sandrine Bergot, Philippe Lecrenier, Baptiste Isaïa, Quentin Halloy & Renaud Riga. Du 4 au 22 janvier 2022 au Théâtre de Poche.

C’est un succès que cette adaptation de la bande dessinée de Fabcaro, Zaï Zaï Zaï Zaï. Étoffée et détournée, reprise par un collectif déjanté et bien rodé au détournement par le son et l’image, cette histoire décalée s’incarne parfaitement et provoque bien des rires.

C’est l’histoire d’un mec qui oublie sa carte de fidélité et qui, au moment de passer en caisse du supermarché, craint de se faire attraper et se lance dans une course folle. Absurde s’il en est mais résolument à l’image d’une époque bien folle, Zaï Zaï interroge l’ampleur que peut prendre l’anodin et fait écho à ce sentiment que nous pourrions tous ressentir : pourquoi tant d’absurdité ?

Cinq musiciens, artistes, conteurs, sonorisateurs animent sur scène une série de photographies qui défilent à la manière d’un roman photo de magazine d’un autre temps. Grâce aux multiples figurants ayant participé au projet, le spectateur se confronte à une série fantasque de situations toutes plus rocambolesques les unes que les autres.

L’auteur Nicolas Ancion qui a adapté le texte initial se met lui-même en scène au fil des images pour incarner l’escalade des évènements et chaque saynète devient un prétexte de plus à l’expérimentation.

Entre éclats de rire et choc atténué, on sort repus et doucement consterné de voir comme de rien on peut arriver au drame planétaire. Car on ajoute à cette potée une bonne dose de portée médiatique, tout ce que cela implique de la cohue mondiale, du phénomène qui fait grand bruit.

Bref, c’est une réussite totale. Ingénieuse et habile, cette adaptation vaut le coup. On passe un bon moment, on résonne sur la vie mais pas trop, on rit beaucoup. Et ça fait du bien !