U-235, quand Rambo rencontre le Capitaine Haddock

U-235
de Sven Huybrechts
Guerre, Comédie
Avec Koen De Bouw, Thure Riefenstein, Ella-June Henrard, Joren Seldeslachts
Sorti en VOD

En cette période de confinement, l’idéal est de s’évader l’esprit. Et quoi de mieux qu’un bon film de série B flamand où une troupe de bidasses s’enferme dans un sous-marin allemand pendant la Seconde Guerre mondiale ?

U-235 (Torpedo dans sa version originale), film flamand de Sven Huybrechts, est pour ainsi dire une surprise de taille en cette période troublée. De fait, bon nombre de longs métrages sortent de nos jours directement en VOD. C’est au milieu de ce vaste champ de productions cinématographiques que nous sommes tombés sur U-235. Peu alertes, nous nous attendions à admirer un film de guerre au budget modeste… Mais U-235 est bien moins et bien plus que ça !

L’histoire nous emmène en Belgique où une poignée de soldats/résistants mène la vie dure à l’occupant. Pour ce faire, notre bande de joyeux compagnons attaque régulièrement les troupes allemandes de manière suicidaire et totalement gratuite avant de se retirer dans les bois. Mais las de vivre avec « des tiques plein les roustons » (sic), nos douze smeirlaps acceptent de transporter de l’uranium du Congo belge vers les Etats-Unis à l’aide d’un U-Boot allemand. Le seul problème, c’est qu’ils sont ingérables et incapables de faire avancer le fichu sous-marin. A cause d’un départ précipité, le chef de meute – que nous appellerons Rambo – décide alors de s’adjoindre les services de leur instructeur – qué s’appelerio Capitaine Haddock -.

Douze bâtards pas très glorieux

Il faut bien l’avouer, la première demi-heure du long métrage est assez pénible à suivre. De leur vie de hors-la-loi à leur arrivée sur le sous-marin dans une baie congolaise, U-235 (à double-sens, puisqu’il s’agit de l’isotope d’uranium utilisé pour créer les premières bombes atomiques mais aussi du matricule du U-Boot) n’est pas très palpitant et dévoile les prémisses d’un mauvais téléfilm. Mais passé cet écueil et après avoir accepté l’idée de visionner une série B, le film prend une toute autre allure. Il en devient drôle, déjanté et finalement, pas si mal foutu.

L’exiguïté du sous-marin est propice aux situations cocasses – surtout en temps de guerre –  et cela, Sven Huybrechts l’a bien compris. En délaissant les dialogues plats pour les punchlines délurées, le réalisateur mais aussi scénariste a visé juste. Les scènes de guerre s’enchaînent, les morts se succèdent et le spectateur se marre. A l’instar des films de série B d’outre-Atlantique, la narration se moque des situations qu’elle met elle-même en place.

Les amateurs se délecteront alors d’une scène absurde dans les toilettes du sous-marin ou d’une scène d’amputation aussi gore que drôle. Cela, sans oublier les actes de bravoure totalement invraisemblables signés Rambo ou Capitaine Haddock.

L’odeur du Bifff

En résumé, ce U-235 est à prendre pour ce qu’il est : une production modeste mais efficace. Certes, celle-ci ne révolutionnera pas le genre, mais elle a le mérite d’exister et d’avoir pu se faire.

A n’en pas douter, en cette période de Pâques, c’est le genre de film qui aurait eu sa place au Bifff.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.