Telluric, carnet de voyage de Matt Corby

Si vous êtes comme moi une de fan de Matt Corby, c’est un nouvel album qui vous a paru long à sortir. Après nous avoir titillé avec des EPs et des singles durant neuf années, il arrive enfin. Corby s’est enfermé dans sa cabane dans les bois durant quelques mois pour accoucher de Telluric. Et je peux vous dire que ça valait la peine d’attendre.

C’en est fini l’idôlatrie kitsch de Nick Drake de l’EP Song For… en 2009. C’en est assez du triomphal folk-pop de Transition to Colour (2010), Corby a démontré qu’il était capable de productions intéressantes avec le root-soul Into the Flame (2011), avec le frénétique climax de Resolution (2013), et le baroque What the Devil Has Made (2014).

Telluric est l’aboutissement d’un périple intérieur profondément marqué par  le déracinement vécu par l’interprète. Cet opus  tend à mener Corby vers une palette sonore cohérente et à juguler les excès vocaux que la gamme défiant la gravité du chanteur pourrait autrement suggérer.

Telluric s’ouvre sur Belly up, dont les grooves soulful sont soutenues par un backgroud gazouillant d’instrumentaux . La percussion est puissante, battant la mesure aux côtés d’une belle voix qui n’a rien perdu de sa grâce. La collection de sons crée un sentiment étrange qui se glisse dans l’oreille de l’auditeur, montrant l’incroyable production de ce bel album .

 

Suit le premier single Monday dans lequel tous les sons sont produits par la bouche de Corby et quelques claquements de doigts. Un morceau tout en délicatesse, qui accentue notre sentiment d’écouter un album profondément personnel.

 

Dans le funky-soul Knife Edge, Corby déploie la voix, soutenu par des natty drums, et des tons de guitare richement texturés. Ce genre de track sur lequel on ne peut s’empêcher de bouger la tête et de dire  “awwww yeaaahhhhhh”.

Il semble que Corby a pris la décision d’éviter le grognement de courroies qui le rendait si distinctif; des chansons comme Wrong Man et Do You No Harm sont plus dynamiques que tout ce qu’il nous a jamais proposé auparavant, et il excelle dans les moments de calme , tout autant que quand il se lâche.

Le cœur émotionnel de l’album éclos délicatement avec Good To Be Alone, guitare Plinky-Plunky et mélodies célestes qui se rétrécissent vers le bas dans le néant.

Le refrain entêtant de Good to be Alone laisse parfois penser que Corby tente de se consoler plus que quiconque , et toute la piste est imprégnée des vibes graves de Jeff Buckley.

Orné d’ orgue et de flûte, le deuxième single Sooth Lady Wine est exactement le genre  de pièce Sixties futuriste dont Telluric avait besoin pour trouver son rythme.

L’album s’achève doucement avec Empires Attraction. C’est une conclusion dramatique d’autant plus si vous faites le lien avec son regret d’avoir participé à l’émission de télé-réalité Australian Idol.

Il semble avoir eu beaucoup de mal à se défaire de son image de vedette du petit écran et a dû lutter pour que l’on reconnaisse avant tout comme un véritable musicien. Ce track nous plonge dans une atmosphère gospel, dense comme si on s’enfonçait dans du miel.

La voix de Matt Corby a gagné en maturité. Lui aussi. Telluric est un album à la fois pointu et homogène, tout en gardant un caractère brut et authentique .

En fait, il est difficile de le catégoriser dans un genre spécifique, ce qui est quelque chose que chaque artiste cherche à faire. Il fait juste de la musique; pure et simple.

Retrouvez également le compte rendu du concert de Matt Corby à l’Orangerie du Botanique en cliquant ici.

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