Survivre au cœur de l’océan

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Au cœur de l’océan

de Ron Howard

Aventure

Avec Chris Hemsworth, Cillian Murphy, Michelle Fairley, Brendan Gleeson

Sortie le 09 décembre 2015

En pleine préparation de son futur roman, Herman Melville entreprend de recueillir le témoignage du dernier survivant de l’Essex, un navire ayant sombré plusieurs années auparavant. Une rumeur intéresse particulièrement l’écrivain : celle selon laquelle le bateau aurait été victime de l’attaque d’une baleine à la carrure impressionnante…

Si l’ombre de Moby Dick plane bien évidemment sur l’ensemble du long-métrage, force est de constater que le film de Ron Howard trace sa propre voie. Comme dans le roman de Melville, l’histoire est narrée du point de vue d’un marin alors jeune. Mais ici la transmission orale ne sert pas tant à faire du récit une parabole sur la lutte du bien contre le mal, qu’à rendre compte de l’impact d’événements dramatiques sur l’unique rescapé encore en vie au moment de la narration, conférant un surplus de crédibilité à l’histoire.

Car, au final, c’est bien l’aventure de l’Essex qui est au centre de l’intrigue. Et s’il y a effectivement d’autres similitudes avec Moby Dick, Au cœur de l’océan n’hésite pas à en prendre, par moment, le total contre-pied, ménageant son lot de moments surprenants. Loin de la quête obsessionnelle menée par le capitaine Achab, il est ici avant tout question de pardon, vis à vis des autres, mais également vis-à-vis de soi-même. S’il y a effectivement une baleine de grande taille, elle est cependant reléguée au second plan d’une aventure avant tout humaine.

Au cœur de l’océan s’attarde sur ses personnages. Il n’en délaisse pas pour autant le grand spectacle. Les passages obligés (scènes de tempête, attaques de baleines) inhérents au genre traité sont bien présents, mais sont mis en valeur par une mise en scène impressionnante de maîtrise et de fluidité, qui leur confère un souffle épique non négligeable. Loin de constituer des cassures, ces scènes, jamais gratuites, s’intègrent au contraire parfaitement à l’ensemble d’un récit qui se développe autant au cour de l’action que dans les séquences qui suivent, en décrivant ses effets sur les membres de l’équipage, opérant un mélange réussi entre spectaculaire et émotion.

Si la caméra sait mettre en valeur les scènes de bravoure, elle sait également se faire plus pudique, saisissant à la fois l’émotion de ses héros, et les changements sur leur personnalité qui en découlent. Comme le film parvient à se défaire de son modèle littéraire, chaque personnage s’extrait peu à peu du carcan archétypal au sein duquel il semble premièrement enfermé. Il n’y a qu’à voir le traitement accordé à un événement particulièrement traumatique touchant les marins au plus près pour s’en convaincre.

Cette alchimie entre des moments forts et d’autres plus introspectifs ne saurait embrasser pleinement son but sans une interprétation à l’avenant. Si les seconds rôles s’avèrent convaincants, Chris Hemsworth sort du lot. Après Rush, l’acteur poursuit sa relation de travail fructueuse avec Ron Howard, et fait preuve du charisme nécessaire pour rendre son personnage crédible en toute circonstance, et donner envie de le suivre dans ses pérégrinations.

Il n’en faut pas plus pour faire de cette histoire de survie en territoire hostile l’un des films les plus marquants de cette fin d’année.

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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