Hector et la recherche du bonheur

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Hector et la recherche du bonheur

de Peter Chelsom

Comédie dramatique, Aventure

Avec Simon Pegg, Rosamund Pike, Toni Collette, Christopher Plummer, Stellan Skarsgard

Sorti le 12 novembre 2014

Hector, charmant psychiatre anglais, est pour le moins tidy : sa compagne, Clara, qui travaille dans le marketing pharmaceutique, est aux petits soins pour lui, le genre à mettre des étiquettes avec le nom du propriétaire sur les tiroirs à chaussettes ; rien ne traîne par terre dans son appartement impeccable, confortable et très design ; les patients de son cabinet, grâce à un système de portes doubles, ne se croisent jamais. Bref, son quotidien est parfaitement réglé et bien vite, on s’en doute, Hector se demande s’il ne passerait pas à côté de sa vie. À la manière de la Julia Roberts de Mange, Prie, Aime, Hector décide de voir comment se décline le sens du bonheur aux quatre coins du monde, et embarque pour un voyage initiatique qui le conduira de la Chine à Los Angeles en passant par l’Afrique.

L’introduction de cette comédie anglaise, adapté du roman Le Voyage d’Hector de François Lelord, est plutôt prometteuse : très rythmée, légèrement décalée et ironique, elle nous laisse espérer une découverte du monde dans la même veine, piquante et imaginative.

Hector se révèle peu à peu bien moins guindé et plus attachant qu’on ne l’aurait pensé au début du film. On aime ses maladresses et son côté immature, sa bonne volonté pour jouer au globe-trotter prêt à tous affronter, ses remarques qui tombent toujours un peu à côté, dans l’avion qui le conduit à Shanghai. Mais au cours du voyage, hélas, l’humour s’éclipse derrière les bons sentiments et les leçons de vie sur le bonheur assénées par des personnages archétypaux, moines bouddhistes sachant profiter de l’instant présent, Africains se livrant à des danses endiablées dans de grands éclats de rire malgré la misère alentour, enfants ou femmes malades accédant à la sagesse des condamnés. L’exotisme caricatural est d’ailleurs gênant à plusieurs reprises – la prostituée chinoise touchée par la bonté naïve d’Hector, le village africain indéterminé entouré de lions et de médecins blancs au cœur en or –, et la dernière partie du film, où Hector retourne sur les traces d’un ancien amour pour se confronter à une dernière illusion de bonheur possible, s’enfonce dans des dialogues larmoyants qui nous font regretter l’Hector mal à l’aise des premiers temps.

Pourtant, dans toute sa légèreté, l’ensemble est plutôt sympathique : il est difficile de ne pas être touché par l’altruisme et la curiosité d’Hector pour ses semblables. Sur le fond, rien de très original : Hector comprend que la clef du bonheur réside dans le lâcher-prise, l’acceptation de l’imprévisible, du chaos et des surprises de la vie. La transformation d’un personnage qui apprend à perdre le contrôle à travers des rencontres hasardeuses, alliée aux ressorts comiques, aurait pu avoir bien plus de consistance, si Peter Chelsom s’était libéré des conventions et des passages obligés dignes de manuels de développement personnel assez creux, et s’il avait moins tiré sur la ficelle des émotions faciles.

Peut-on faire un film sur la quête du bonheur sans sombrer dans les clichés ou la mièvrerie ? Ou faut-il arrêter tout de suite d’y penser ? Au-delà de la question qu’il pose aux cinéastes, Hector, dans ses failles mêmes, nous interroge sur notre rapport au bonheur : parce que oui, on se surprend à être plutôt d’accord avec plusieurs de ses découvertes, toutes banales qu’elles soient – du type, « le bonheur, c’est d’être aimé pour ce que l’on est ». Peut-on alors penser le bonheur loin des clichés ? Notre recherche du bonheur est-elle vouée aux stéréotypes ? À quoi doit-on renoncer : au bonheur ou aux clichés ? Et comment ? Bon, soyons rassurés : cinéastes ou pas, il semble qu’on puisse encore creuser la question.

A propos Emilie Garcia Guillen 113 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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