« Rocky, dernier rivage », survivre à soi-même

Titre : Rocky, dernier rivage
Auteur : Thomas Gunzig
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 31 août 2023
Genre : Roman

Auteur reconnu à l’humour féroce, personnage familier du grand public grâce à ses chroniques radiophoniques, ses pièces de théâtre et ses scénarios de films, Thomas Gunzig est passé maître dans l’art de réveiller les consciences tout en faisant rire – jaune – son public. Alors que le changement climatique et les catastrophes qui en découlent est sur toutes les lèvres, l’auteur nous offre avec Rocky, dernier rivage un grand roman survivaliste où rien ne va se dérouler comme prévu et où les pires ennemis que devront rencontrer les survivants sont l’ennui et eux-mêmes.

Fred avait tout prévu : lorsque la catastrophe est arrivée, il s’est réfugié avec sa famille sur son île, pensant pouvoir survivre dans sa villa de luxe pour le restant de ses jours. Tout avait été planifié, des tonnes de nourriture aux milliers d’heures de divertissement numérique, la vie aurait dû s’écouler tranquillement pour lui et sa famille. Mais la vie est-elle si prévisible ? Aux antipodes d’autres romans survivalistes, l’intrigue de Rocky, dernier rivage débute là où d’autres se terminent, laissant la nature humaine faire son œuvre et saboter par elle-même les rêves de quiétude de Fred et de sa famille.

Comme toujours avec Thomas Gunzig, le style est mordant, l’écriture fluide, et tandis que l’on s’amuse des déboires des différents protagonistes, on réfléchit également à nos propres vies, nos défauts et le caractère surréaliste de certaines de nos actions. Car si l’auteur a choisi une île déserte comme théâtre de son intrigue, c’est pour amplifier jusqu’à l’absurde des situations que l’on vit au quotidien, de notre folie consumériste à notre narcissisme exacerbé par les réseaux sociaux.

Avec beaucoup de finesse et d’humour -jusque dans le choix du titre de son roman- Thomas Gunzig dénonce nos travers et même si cela devrait nous affoler, c’est néanmoins jubilatoire. Rocky, dernier rivage ou une énième illustration que l’enfer, c’est nous.