De et avec Fanny Ruwet
Du 17 avril au 10 mai 2025
Au Théâtre de la Toison d’Or (TTO)
Faire rire sur des sujets qui ne sont pas drôles, c’est pas l’objectif le plus facile du monde. Quelques années après son premier spectacle, Fanny Ruwet revient au stand-up après avoir envisagé d’arrêter. Un retour qui, derrière l’aspect joyeux de son titre On disait qu’on faisait la fête, aborde la difficulté à se sentir adulte, à se sentir stable, à se sentir tout simplement comme un être humain viable. Dans un premier temps, Fanny Ruwet invite au dialogue, à dire des gens qu’on les aime et des cadeaux qu’on les déteste. Rendre nos émotions un peu plus transparentes afin de lisser et notre relation avec les autres, et celle avec nous-même. Troquer une certaine intensité néfaste contre la stabilité d’un cercle pas forcément méga fun mais un peu plus vertueux.
Mais trouver cette authenticité, c’est pas la chose la plus facile de la Terre. Déjà parce qu’il faut le courage de se mettre à nu face à l’altérité. Et ça, ça fait peur. Aussi confiant qu’on puisse être, ça fait peur. Donc quand on l’est pas… Et c’est vers cette idée que l’humoriste nous emmène dans un second temps. Cette histoire de confiance, de courage, d’être ok avec soi-même. Et pour ça, les psys, les cachetons, ceux qui font pire que mieux, ceux qui effacent la mélancolie mais viennent avec un lot d’effets secondaires qu’on voudrait pas gagner à la tombola. Et si du courage il en faut pour sortir du déni et faire le premier pas vers la thérapie, il en faut d’autant plus pour venir le dire sur scène. Comme l’invitation au dialogue et à la transparence, Fanny Ruwet nous invite aussi à l’acceptation, un genre de « je vais mal, tout va bien », parce qu’on ne peut pas agir dans l’ignorance. Ainsi, savoir, c’est se donner la possibilité de pouvoir.
On peut donc jeter un nouveau regard sur ce titre qui semblait nous promettre la teuf, comme si c’était le début d’une phrase bien plus nuancée : On disait qu’on faisait la fête mais tout le monde fait la gueule, alors c’est quoi le problème ? Mais là où le spectacle est fort, c’est d’en parler avec humour. À l’inverse de cet article qui pourrait faire passer ce one-woman pour un objet hybride entre une conférence ted-x un peu chiante et un bouquin de développement personnel un peu niais, On disait qu’on faisait la tête est drôle, de bout en bout, utilisant le sarcasme et le cynisme comme autant de contre-poids qui empêchent de tomber dans le patos. Un spectacle qui assume que tout ne soit pas parfait, et qu’est-ce que cette absence de prétention est agréable.