Transformation, changement et mutation à l’ancienne Bibliothèque Chiroux avec MUTANTX

Klaus PICHLER, The Petunia Carnage, 2020-21

Du 16 mars au 1er juin se tient dans l’ancienne bibliothèque provinciale des Chiroux de Liège, la 13e édition de la biennale de l’Image Possible. La BIP a été lancée en 1997 et initialement, s’appelait la Biennale internationale de la Photographie (et des Arts visuels de Liège). En 2016, la Biennale opère un changement pour rendre compte de l’évolution dans les pratiques photographiques et pour rendre compte des divers médiums et formes émergentes qui sont en résonnance avec les changements et les problématiques qui traversent notre société.

Investir un bâtiment vide dont la réaffectation n’est pas claire, incertaine, un bâtiment en mutation, c’est une symbolique forte pour BIP2024 MUTANTX ; transformation, mutation et changement. Mutation urbaine, mutation corporelle, mutation sociologique, muter, c’est répondre à l’urgence de s’adapter à un environnement qui change, c’est se transformer consciemment ou non au contact d’un agent extérieur qui vient bouleverser nos identités, nos corporalités et nos trajectoires de vie.

Bastiaan VAN AARLE, 1155_1207_06072019

Nous sommes tous et toutes un peu MUTANT.E.

13e édition donc 13 partenaires ; entre autres le Centre Wallon d’Art Contemporain, le Botanique, ou encore la SPACE Collection (Un projet qui « met l′art contemporain à la portée de tous en impliquant dans sa construction la participation conjointe des citoyens, des pouvoirs publics, des entreprises et du réseau associatif. »). De ce fait, la Biennale ne se cantonne pas aux Chiroux, mais, s’exporte et s’empare de nombreux lieux liégeois tels que Les Brasseurs, la galerie Les Drapiers ou le théâtre de Liège.

En plus de cet imposant réseau, durant toute la période de la Biennale, il y aura des résidences d’artistes, des médiations entre le public et les artistes qui prendront la forme d’une œuvre collective et participative au sein d’un Open Lab (dans l’ancienne bibliothèque des enfants) et non des moindres, des soirées (animées par le collectif Excursion) au cœur même des Chiroux.

Parmi les artistes présents, il y a Loïs Soleil qui interroge la représentation des armes à feu sur les profils Tinder. L’installation Tinder_gun_boys_@Brussels_ est constituée d’un tatami couvert d’une housse personnalisée avec des captures d’écran d’hommes hétérosexuels tenant des armes. En parallèle, l’artiste a mis au point une intelligence artificielle qui lui permet de continuer à swiper sur l’application pour trouver d’autres virilités armées.

©Loïs SOLEIL

Avec Reliefs, une oeuvre-vidéo proche à l’approche documentaire qui interroge les paysages modelés, voire défigurés par l’homme, Armand Morin invite à la contemplation et à la fiction. On se sent hypnotisé par ses images à la fois belles par la forme et tragique par le fond.

Enfin, entre autres, Anna Safiatou Touré qui est franco-malienne et son œuvre Herbier du département congolais des Serres Royales de Laeken, 2019-2020 qui interroge à travers les plantes et la fiction le passé colonial de la Belgique. Les plantes présentées n’existent pas, elles sont fictives et pourtant authentiquement porteuses d’un message politique puissant ; les plantes de la Serre du Congo ne sont plus d’origine congolaise, ces dernières n’ont pas supporté le climat belge.

Armand MORIN, Photo extraite de Still Reliefs, 2022

À travers la grande exposition au Chiroux et les événements parallèles qui vont remplir la ville, Liège va muter et faire bouger ses frontières artistiques. Il faut profiter de cet événement qui se veut être une démocratie collective et culturelle, un moment où l’art de l’image se transcende et est proposé sans fard au public.