« Mémoires d’Hadrien » lu par Stéphane Varupenne : la voix d’un empereur au crépuscule de son règne

Titre : Mémoires d’Hadrien
Autrice : Marguerite Yourcenar
Lu par Stéphane Varupenne
Editions : Gallimard
Collection : Écoutez lire
Date de parution : 13 mai 2021
Genre : Roman historique, histoire, poésie

On redoute parfois de se lancer dans la lecture de certains monuments littéraires, de peur de se heurter à un mur froid et sans relief, qui ne provoquerait chez nous pas la moindre émotion et nous questionnerait sur sa légitimité en tant que classique. Les Mémoires d’Hadrien est de cet acabit, Yourcenar elle-même déconseillant d’en tenter la lecture avant 40 ans. C’est dire ! 

Face à ce genre de problématique, la version audio peut parfois s’avérer être une alternative intéressante pour appréhender un classique littéraire, surtout un roman historique à la première personne comme Mémoires d’Hadrien. En effet, la mise en voix du roman de Yourcenar par Stéphane Varupenne de la Comédie-Française aide à sauter le pas. L’acteur, avec sa voix grave et sereine, nous prend par la main et nous fait vivre en profondeur cette autobiographie fictive. Il incarne à merveille l’empereur mythique que fût Hadrien, lui conférant la sagesse parfois sévère et la sincérité souvent troublante qu’on lui imagine. Écouter Mémoires d’Hadrien en version audio est donc une bonne porte d’entrée pour aborder ce roman emblématique.

Marguerite Yourcenar, par l’intermédiaire de la voix Stéphane Varupenne, nous fait entrer dans les pensées intimes du grand empereur romain, nous invite dans les coulisses du pouvoir de cette immense puissance antique et nous fait sentir le poids, rien de moins que la responsabilité de la beauté du monde, qui pesait sur les épaules d’un seul homme. Mais faut-il encore présenter les grandes lignes de cette pièce maîtresse de l’œuvre de Yourcenar ? Car sa force réside dans la précision historique de la romancière, dans la justesse de sa projection, et dans sa capacité à combler les interstices de l’Histoire, les espaces entre les dates des encyclopédies, pour raconter l’histoire, celle de l’homme derrière l’empereur.

Lire les Mémoires d’Hadrien, c’est rencontrer un mur littéraire, tant le style est recherché et la précision poussée à l’extrême. Toutefois, si c’est un mur, il n’est pas froid et sans contour, contrairement au mur du même nom. Le lecteur des Mémoires d’Hadrien se représente facilement un vestige antique, couvert d’une mosaïque, à l’image de celle souvent représentée sur la couverture du roman, “Colombes buvant dans une vasque”.