L’art de rien : le talent du moindre geste et de la poésie visuelle à la CENTRALE

Miller Levy, Oulipisme, 1995-2022, livres coupés et permutés sous plexiglas

L’art de rien, avec ce titre léger et humoristique pensé par François de Coninck, la nouvelle exposition de la CENTRALE questionne et interpelle le spectateur sur les notions de geste artistique, de processus créatif et de la poésie qu’il en découle. L’exposition nait d’une idée entre le curateur et deux artistes : Benoît Felix et Damien De Lepeleire.  Une dizaine d’année plus tard L’art de rien voit le jour en comptant une soixantaine d’artistes, majoritairement bruxellois. L’exposition est composée d’une sélection d’artistes invités ainsi que des oeuvres de la collection de François de Coninck et d’oeuvres provenant de la collection de Galila Barzilaï Hollander.

Benoît Felix, A la lettre (une ligne dans le ciel), 2011, Photolithographie fendue, éditions Bruno Robbe

L’exposition est pensée par François de Coninck, figure belge de l’art contemporain à différents niveaux, autant auteur, artiste, critique d’art, commissaire d’exposition et enseignant. Comme il le dit dans un interview  : Tout m’étonne, me questionne, m’amuse et me séduit dans cette économie de moyen au service d’un geste artistique. Ici l’importance est accordée au talent du moindre geste et à une prédilection pour les matériaux humbles. Les oeuvres sont pour la plupart de petit format et dialoguent entre elles avec harmonie dans l’espace pourtant imposant et massif de La Centrale. La scénographie est volontairement épurée, à l’image de la thématique du rien, l’espace est divisé en différentes parties qui guident le spectateur. Les oeuvres exposées parlent du quotidien avec poésie. Les artistes détournent le langage des objets pour leur donner un nouveau sens et un nouvel aspect.

Stephan Balleux, White Canevas (with a twist), 2010, Porcelaine

Ayant pour volonté de soutenir et promouvoir la création émergente à Bruxelles, la CENTRALE propose une exposition parallèle dans la Box, un autre espace dans l’institution. Sofhie Mavroudis, lauréate de l’exposition Carte de Visite, y présente sa première exposition solo A bread in the wall. Composée de briques de pain formant des murs en construction ou en déconstruction, l’oeuvre pose la question de l’héritage culturel reçu de parents de différentes nationalités. Née d’un père grec, Sofhie Mavroudis aborde la question de la transmission et de la non transmission d’une culture qui s’efface avec le temps. L’oeuvre est composée d’un livre « La grande chimère » dans lequel elle à effacé les mots grecs qu’elle ne connait pas. Le livre finit par perdre son rôle de transmission d’histoires. Des extraits audio de chants de femmes grecque enregistrés lors de la fabrication du pain renforcent cet aspect de tradition fragile.

Entre poésie et humour, L’art de rien propose au spectateur une exposition sensible et riche, axée sur la sensibilité direct que l’on peut ressentir face à une oeuvre. Composée d’une soixantaines d’oeuvres d’artistes confirmés et émergents, l’exposition se complète par différents évènements tels que des conférences, workshops et visites guidées.

  • Ou? La CENTRALE, 44 Place Sainte Catherine, 1000 Bruxelles
  • Quand? du 23 novembre au 17 mars et du mercredi au dimanche de 10h30 à 18h
  • Combien? 10€, différents tarifs réduits possible
A propos Anaïs Staelens 63 Articles
Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine