La chasseuse de trolls : une ambiance totalement « made in Sweden » !

Titre : La chasseuse de trolls
Auteur : Stefan Spjut
Edition : Actes Sud
Collection : Exofictions
Sortie : 13 mars 2019
Genre : Fantastique

Et ce n’est pas du pipeau ! Des tas d’éléments vous le prouveront : le froid très froid qui rappelle aux Belges qu’ils sont de vraies petites natures, la neige, le snus (mais qu’est-ce donc ?), les créatures fantastiques, les biscuits à la cardamome, les noms de bleds imprononçables…pas de doute, on est en Suède !

C’est dans ce beau pays que l’on va suivre une jeune femme, Susso, dont le hobby est de démontrer l’existence de créatures fantastiques, et plus particulièrement de trolls. Un jour, une femme la contacte suite à la disparition de son petit-fils, Mattias. La vieille dame est persuadée que le garçonnet s’est fait enlever non loin de chez elle… par un troll. Cette histoire fait écho à une ancienne affaire d’enlèvement d’enfants dans des conditions similaires. Susso se lance dès lors à corps perdu dans un voyage effréné à travers la Suède pour retrouver la trace de Mattias, le tout sans éveiller les soupçons des enquêteurs à l’esprit très rationnel.

Une des grandes qualités de l’auteur est sa capacité à nous immerger dans un pays de légendes qui donnent envie de croire au merveilleux. Les ambiances dépeintes sont parfaites pour nous plonger pleinement dans cette aventure aux côtés de cette chasseuse aux proies si particulières.

Cependant, c’est long. Trop long. Il ne faut pas se mentir : si l’on commence ce livre, c’est parce qu’on veut du troll puant et méchant. Cependant, il faudra attendre un bon moment avant que les bébêtes soient enfin évoquées. Souvenez-vous jadis, lorsque vous avez regardé pour la première fois Les dents de la mer. Vous saviez pertinemment que le vilain de l’histoire était un grand requin blanc, mais il n’était pas montré tout de suite, tout n’était que suggestion dans la première partie du film. Ici c’est pareil, mais en moins bien maîtrisé. Si Steven Spielberg a réussi à nous tenir en haleine, Stefan Spjut a pris beaucoup trop de détours avant de lâcher enfin sa grosse bombe velue tant attendue.

Trop long également au niveau de la construction du roman dont le fil narratif est double. Si l’on suit volontiers le chemin truffé de péripéties de Susso, on peine à suivre celui d’un groupe d’hommes et de femmes dont on ignore qui ils sont et ce qu’ils font pendant une bonne partie du livre. Au début on s’accroche… et puis on décroche.

L’autre bémol de cette histoire est qu’elle oscille entre le fantastique et le policier. Ça ne dérangera pas tout le monde, certes, mais les puristes en matière d’imaginaire voire de fantasy n’y trouveront sans doute pas leur compte. En effet, dès que l’on évoque des trolls, cela sous-entend naturellement un univers enchanté propre à cette littérature de genre. Or, ce n’est pas le cas ici. On est confrontés davantage à une enquête légèrement saupoudrée de fantastique.

Mais peut-être que La chasseuse de trolls n’est qu’un prélude, une longue mise en place du décor et que la suite prendra un tournant plus marqué – car oui les amis, il s’agit du premier volume d’un diptyque. Pour le savoir, il n’y a qu’une chose à faire : s’armer de patience et attendre la sortie du second volume !