I don’t Belong Anywhere – Le cinéma de Chantal Akerman

chantal akerman

I don’t Belong Anywhere

de Mariane Lambert

Documentaire

Sorti le 16 septembre 2015

Pour son cinquième documentaire de la collection cinéaste d’aujourd’hui, la cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Artemis productions s’allient à Marianne Lambert et rendent hommage à  « une carrière » ou plutôt à une vie, celle de Chantal Akerman. Pour rappel, I don’t Belong Anywhere sera projeté pour la première fois ce 16 septembre et ouvre le cycle Akerman à la cinematek qui se terminera le 22 novembre.

Sans pour autant être dans la synthèse, I don’t belong anywhere se focalise sur une dizaine de films parmi les quelques quarante que compte a son actif la réalisatrice et met en exergue l’entièreté des préoccupations du cinéma Akermanien. De l’omniprésence de la mère à sa conception du temps, en passant par sa manière d’assembler les idées ; seule Chantal Akerman elle-même pouvait avoir les bons mots au bon moment pour que sa pensée devienne limpide, encore fallait-il qu’un regard soit là pour nous les transposer et Marianne Lambert, à la fois proche et discrète, était là.

Chantal Akerman et Marianne Lambert, sont amies de longue date, elles travaillent pour la première fois ensemble en 1993 et Akerman lui confie sa première direction de production pour La folie Almayer en 2010. Et cela se ressent à l’écran, on zappe les présentations et les phrases types de contextualisation pour entrer directement dans le dialogue.

A l’image de la première séquence où on y voit la réalisatrice pieds nus dans son lit, le documentaire se veut intimiste mais seulement, dans la dialectique personnelle / universelle, afin de mieux saisir les clés de compréhension générale du travail d’Akerman.

Un corps dans un décor nous dit Chantal Akerman, comme mise en abime dans la diversité de ses facettes territoriales : New York, Paris, Tel Aviv, elle nous promène à travers ses souvenirs et ses convictions. On est transporté d’un continent à un autre, d’une époque à une autre, sans que le parcours soit fragmenté ou même saccadé parce que le fils conducteur se fait à travers sa pensée.

Si l’on peut reprocher une chose à la production, ce serait le panel restreint des intervenants extérieurs. Le seul, Gus Van Sant, tisse des liens entre Last Days et Jeanne Dielman qui témoignent de la modernité du travail d’Akerman et on aurait voulu, un, peut-être deux témoignages du type supplémentaire.

Et puis le désert et puis cette voix, à la fois rauque et enfantine qui continue de donner son avis sur les choses. Dernière séquence. Contrairement à ce qu’elle pourrait suggérer, Akerman est bel et bien vivante et son actualité aussi ; son dernier film No Home Movie sera projeté le 25 septembre au studio 5 à Flagey et elle représentera la Belgique parmi les artistes invités aux côtés de Vincent Messen à la Biennale de Venise.

Pour sa première production, Marianne Lambert place la barre haut, en s’attaquant à une des plus grandes artistes belges et, quand arrive la fin du film et qu’on aimerait seulement que la conversation continue, c’est forcément que le pari est réussi.

A propos Audrey Lenchantin 56 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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