« Fungus », métaphore du pouvoir

Titre : Fungus, le roi des Pyrénées
Auteur : Albert Sánchez Piñol
Editions : Actes Sud
Collection : Exofictions
Date de parution : 3 mars 2021
Genre : Western, Fantasy

Anthropologue, auteur de plusieurs romans publiés chez Actes Sud, Albert Sánchez Piñol renoue avec le fantastique en nous proposant Fungus, un western hivernal du 19ème siècle dans les Pyrénées pour reprendre les termes de l’auteur lui-même. Dans cette allégorie du pouvoir où le burlesque se mêle au tragique, le lecteur en apprendra beaucoup sur la nature humaine et sur le caractère corrupteur que le pouvoir exerce sur les hommes.

1888. Ric-Ric est un pauvre diable, un anarchiste dépenaillé qui ne trouve sa place que dans une grotte perdue des Pyrénées catalanes. Sur ce territoire sillonné par les contrebandiers et les malfaiteurs, il découvre par hasard des créatures ignorées de la civilisation : les fungus, gigantesques champignons anthropomorphes auxquels il donne vie accidentellement. Émerveillé par leurs extraordinaires capacités et leur sens de la communauté, Ric-Ric voit en eux l’arme définitive qui va lui permettre de concrétiser ses désirs : conquérir la belle Mailís, instaurer une société anarchiste où régnerait une véritable fraternité et se venger de ceux qui l’ont traité cruellement.

Au premier abord, on pourrait penser que Fungus n’est qu’un délire tragicomique de l’auteur, un récit où chaque protagoniste tente d’être plus borné, idiot et imbu de sa personne que son voisin. Et à lire les scènes de combats où l’auteur utilise sa plume pour nous décrire des scènes d’une violence extrême, on pourrait abonder dans ce sens, tant l’auteur semble avoir mis le curseur sur Grand guignol. Néanmoins, à y regarder de plus près, on comprend qu’à travers cette mise en scène absurde, c’est la quête du pouvoir et l’impermanence de la nature humaine que dénonce l’auteur dans son livre.

A la lecture de celui-ci, on peut d’ailleurs se poser des questions sur les grandes théories et les mouvements sociaux sensés améliorer la condition humaine – sommes-nous à même de réguler nos pulsions destructrices pour le bien de l’humanité, l’égoïsme ne nous détourne-t-il pas tous de cet objectif ?

Fungus est donc une bonne découverte, une excellente métaphore de nos vices et imperfections, le tout parsemé de scènes dignes d’un grand western.