Desperado au Varia

De Ton Kas et Willem de Wolf – Enervé – Tristero avec Youri Dirkx, Eno Krojanker, Hervé Piron, Peter Vandenbempt. Du 13 novembre au 1er décembre 2018 au Varia. Crédit photo Alice Piemme

Palabrer, se prendre pour des grands philosophes qui ont vécu, qui ont tout vu… voilà le programme du vendredi soir pour Marc, Bruno, Eddy et Michel. Ces quatre amis à la grande gueule, au style autoritaire et omniscient se représentent comme des sortes de hors-la-loi.

Un desperado, étymologiquement, c’est quelqu’un qui a perdu l’espoir. De fait, les quatre comparses se retrouvent, comme des piliers de comptoirs, un peu dikkenek et un peu cons, ils parlent de trucs, de grandes théories, de ce qu’ils ont dit ou pu faire. Ils radotent et tournent en rond. Ils voient et accentuent la paille de l’autre mais ignorent complètement la poutre qui les aveugle de leurs fragilités.

Du haut de leurs santiags, sous leurs grands airs se cache un cœur sensible. Ces cowboys assoiffés de liberté et de virilité se retrouvent enfermés dans des tourbillons de la vie : la monotonie du quotidien, les collègues, le boulot, les femmes. Ils sont fatigués et l’envie de tout lâcher se fait ressentir, l’envie de dire avec fermeté « je pars ! ». Mais pas tout de suite… Qu’arrive-t-il lorsqu’un homme aspire à la liberté mais n’a plus d’espoir ? Il y a cette représentation de la liberté : pouvoir tout remettre en question, tout laisser en plan, grimper sur son poney et partir au loin. Ils peuvent tout faire… mais vont-ils le faire ?

Loin de l’image du cowboy solitaire et libre, nous rencontrons des hommes déçus de la vie et qui ne parviennent pas à se détacher de tout ce qu’ils critiquent. Il y a quelque chose de vide et de triste. On ne peut s’empêcher de les plaindre et à la fois de les trouver attachants. Énervé et Tristero embarquent le public qui rit de bon cœur. Desperado est une comédie où les mots et les expressions se répètent et se bousculent avec un charme certain.